L'humeur du jour au fil du temps...


"Un gramme de selles contient 10 millions de virus, un million de bactéries et plus de 10'000 germes parasitaires. Quand les excréments sont répandus dans l'environnement, ils finissent pas nuire aux populations."


Arnaud Robert,  La révolution des toilettes  (2019)

Avant propos

Cette section comprend des textes que nous avons écris en réaction à une news  ou autre.

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La "Révolution tricéphale" ou 2050, l'apparition d'une nouvelle Humanité (2021)

Quelque chose est en cours. Quelque chose est en train de se passer sur le plan historique, sociétal, humain. En ce début de XXIe siècle, plus encore en ce début de troisième millénaire, c’est indéniable et il ne faut pas être devin pour le saisir ou le sentir. Le monde bouge, vite, très vite, trop vite même pour certain(e)s. Et l’angoisse et la peur augmentent d’autant, viscérales et incontrôlables, avec une envie toujours plus grande de se recroqueviller, de se replier sur soi-même et son monde passé, plus rassurant. Mais quelle est cette "chose", ce changement annoncé? À chacun(e) de donner sa vision, fruit de sa culture, de ses connaissances, de ses envies de savoir ou de ne pas savoir, discussions sans fin légitimes, mais souvent biaisées par manque de vue globale. Ce dont on peut être sûr, c’est que l’Humanité, ou plus exactement la société dominante qui régit notre planète Terre, est à la veille d’une formidable révolution qui va l’entraîner vers de nouveaux horizons, même si encore flous et mal définis. Nous l’avons nommée la "Révolution tricéphale" car elle s’est engagée non pas sûr un, mais sur trois fronts fondamentaux, d’ordre structurel, contextuel et technique.

Mise en contexte préalable
Prenons, tout d’abord, l’exemple d’un homme né dans les années 1950, en France, dans un milieu modeste. Il suit sa scolarité réglementaire, puis effectue une formation professionnelle faute de moyens financiers pour poursuivre ses études. Il travaille, se marie et a deux enfants, une famille type dirigée par un homme lambda  issu du baby-boom  post Seconde Guerre mondiale. Pour son travail, mais aussi pour son loisir, il passe son permis de conduire et acquiert une voiture, puis en change régulièrement tous les dix ou quinze ans. L’époque est au "tout voiture", les Trente glorieuses[1]  offrent du travail à volonté, l'économie tourne à plein, soutenue par une surconsommation massive. Or, aujourd’hui, le millénaire a commencé, le nouveau siècle se développe rapidement, mais le "tout voiture" a laissé place à la "mobilité douce", soit un soutien fort aux transports en commun ou au vélo dans le but avoué de consommer moins d'énergie fossile. La voiture est dès lors mal vue, car polluante, énergivore, égoïste, dangereuse. Parallèlement, les dos d’âne se multiplient sur les routes, ainsi que les chicanes et les ronds-points. La vitesse est limitée drastiquement, en particulier dans les villes où, d’ailleurs, on n’envisage, à plus ou moins long terme, la suppression de la présence de la voiture. Aussi, notre homme de tempêter à qui mieux mieux à chaque fois qu’il prend sa voiture pour faire ses courses ou se déplacer, en un discours récurrent et automatique: "C’est n’importe quoi! On est des vaches à lait avec tous ces radars. Ils veulent juste faire de l’argent sur notre dos. Tu parles, ils sont payés au rendement. Combien ça coûte tous ces dos d’âne, hein? Combien ça coûte? Pour ça, ils ont de l’argent à foutre en l’air. Franchement, y en a marre! On peut plus rouler tranquillement. On peut déjà plus boire ni fumer tranquillement. Moi je te le dis, ça va finir par péter! Les gens, ils en peuvent plus!" Cet homme a-t-il raison? A-t-il tort? Qui est en mesure de l'affirmer? Selon quels critères?  Est-ce que cet homme est en tort car il ne sait pas s’adapter aux nouvelles contingences et à la situation de ce monde résidu de la surconsommation à tout crin dont il a été l’un des principaux acteurs? Ou est-ce que cet homme, qui a vécu suivant les règles et usages imposés par la société durant plus de 50 ans, a-t-il raison de penser que "son monde" était meilleur (le fameux "c’était mieux avant"), et donc, que toutes ces nouvelles contraintes qui lui sont imposées sont illégitimes et contraires à sa liberté? Cet homme, notons-le, n’a commis aucun délit particulier. On ne l’a pas contraint non plus à une rééducation forcée. Pourtant "son monde", et tout particulièrement en la fin de sa vie (période où il est difficile de changer de point de vue, d’évoluer vers un autre monde), a changé malgré lui et ce qui lui était à l’origine donné comme le miracle économique, l’expression majeure de la liberté, le nec plus ultra  de la condition humaine, lui est aujourd’hui reproché et montré comme étant le mal absolu qu’il faut à tout prix bannir (ou du moins modifier pour le rendre moins polluant et moins énergivore). Comment ne pas imaginer les conséquences logiques qui doivent en résulter? De toute évidence, faute de diplomatie de la part des pouvoirs politiques en place et de la nouvelle société, cet homme, montré du doigt, se braquera et refusera de changer, enfilera un gilet jaune et manifestera son mécontentement aux ronds-points en bloquant la circulation. Plus encore, il agira certainement (par son vote, par son activisme légal ou illégal, par son réseautage entre fake news  et complotisme) contre le changement, alors que l’Humanité, elle, a un besoin crucial de son soutien, autrement dit, qu’il agisse en faveur de ce même changement.
On pourrait penser que ce phénomène est propre aux pays riches, mais prenons le cas de l'agriculteur caboverdien qui cultive ses terres sur les pentes des volcans de Santo Antão et à qui on a toujours dit que les arbres consommaient trop d'eau et nuisaient à la production agricole qui manque depuis toujours cruellement d'eau. Pour cette raison, un arbre est préférable débité en bois de chauffage pour la cuisine, que majestueux et ombrageux. Or, aujourd'hui on sait que les arbres sont particulièrement utiles pour retenir l'eau aussi bien de l'atmosphère que des sols (c'est le principe de l'agroforesterie). Et qu'il est utile d'en planter afin de favoriser le climat local et l'hydratation des terres et maintenir des micros-climats humide. Cela n'empèche pas notre bon agriculteur, aujourd'hui, de demander auprès de son Ministère de tutel, de l'Agriculture et de l'Environnement, de couper les acacias qui, selon lui, "compromettent l'agriculture de certaines zones" par leur consommation excessive d'eau (web1)  (web2). Fort de ce que lui ont appris ses "pères" et de la coutume locale qui veut que les arbres soient néfastes, il est sûr que le problème provient des arbres et refusera de changer son poitn de vue malgré les faits scientifiques normalement irréfutables.

C’est dans ce cadre que va évoluer notre discours: le refus des changements violents (car ils sont violents), imposés par consensus et conventionnalisme, et contradictoires avec les coutumes ou les habitudes décennales, pour ne pas dire séculaires, inculquées à une partie de la population. Car il ne faut pas oublier que c'est grâce au travail de ces générations des Trente glorieuses que nous sommes parvenus aujourd’hui à ce niveau de vie, à cette qualité de vie inimaginable encore en 1950, dans le monde entier.

Second rappel de contextualisation: la dernière révolution majeure pour l’Humanité a été la Révolution industrielle née en Angleterre au XIXe siècle. Elle a fait basculer la société mainstream  (occidentale et colonisatrice pour ne pas la nommer) du stade de l’agriculture à celui de l’industrie et du commerce, stade qui a été imposé par la force des choses au reste de l’Humanité ou presque. Les conséquences positives de cette révolution sont très claires: diminution drastique de la mortalité et de la pauvreté, augmentation de l’espérance de vie et de la connaissance, mondialisation ouvrant sur la mixité des cultures et des peuples, suppression des colonies impérialistes et développement des pays pauvres, maintien d’une paix relative entre les pays occidentaux, développement des sciences et des techniques qui ont permis, entre autre, d’aller marcher sur la lune ou de séquencer le génome humain, etc. Les conséquences néfastes le sont tout autant: diminution de la biodiversité et des ressources naturelles, augmentation de la destruction de l’environnement naturel (la pollution en particulier, par le plastique, mais aussi le changement climatique), capitalisation néo-libérale à tout va impliquant des crises économiques à répétition, instabilité géopolitiques des pays pauvres, etc. Mais dans l’ensemble, on peut dire que l’Humanité y a gagné, malgré les adversités subies par une partie de la population et des horreurs commises contre certains peuples (durant les deux Guerres mondiales, la Shoa, les génocides arménien[2], ouïghour[3] ou rwandais, le massacre du régime Khmer rouge, les goulags sibériens, pour n’en citer que quelques-unes).
Avant cette Révolution industrielle, on avait eu comme principales révolutions, cause de modifications en profondeur de la société, la Révolution agricole ou la sédentarisation (touchant une grande partie des peuples) ou encore celles des âges du bronze et du fer (avec la maîtrise du feu), auquel on pourrait ajouter l’avènement de l’écriture (qui a permis de fixer les connaissances humaines), voire de l’imprimerie (qui a permis leur diffusion à très grande échelle et leur sauvegarde).
Or, cette nouvelle Révolution que nous vivons aujourd’hui est majeure car elle est bien plus forte et "transformante" que les précédentes. Elle implique en effet non pas UNE mutation, mais TROIS mutations totales et ce, simultanément. D’où son appellation de "Révolution tricéphale"[4]. Et parce que ces changements sont palpables dans les sociétés dominantes, périphériques ou secondaires, et parce que, au moins inconsciemment, tout un chacun en ressent l’ampleur colossale, la réaction d’opposition est toute aussi forte, vive et souvent violente, suivant de manière symbolique la logique d’action - réaction de la troisième loi de la mécanique d’Isaac Newton[5], que l’on peut traduire comme suit: "toute action entraîne une réaction de même direction, de même intensité, mais de sens opposé".
Ce qu’il faut bien retenir, avant d’aller plus loin, c’est que ces mutations ou révolutions sont "en cours". Elles n’ont pas encore abouti. Il leur faudra au moins, au minimum, une ou deux générations pour qu’elles prennent pleinement leur effet, probablement aux alentours des années 2050-2060[6]. Mais quoiqu’il arrive, elles sont désormais inéluctables et permettront à l’Humanité de poursuivre son évolution et sa dispersion dans l’Univers, non sans souffrance ni destructions massives, ce que nous ne pouvons que regretter.

Mais définissons tout d’abord, c’est trois mutations – révolutions en cours.

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L’ère du numérique
C’est à partir de la seconde moitié du XXe siècle que le numérique apparaît, en particulier à l’occasion de la Seconde Guerre mondiale. Son essor nécessite cependant encore trois ou quatre décennies avant de devenir prégnant sur la société "occidentale" et d’être utilisé par tout un chacun au travail ou dans la vie privée quotidienne. Avec l’avènement des ordinateurs personnels et celui de la téléphonie mobile dans les années 1990, un pas supplémentaire est franchi, simultanément à celui du "réseautage", en particulier avec la mise en place de l’Internet et de son incontournable World Wide Web. Les programmes informatiques sont dès lors toujours plus pratiques et plus puissants, pour ne pas dire invasifs et intrusifs dans la vie des ménages et des entreprises. Les microprocesseurs deviennent plus puissants et plus rapides tout en diminuant leurs dimensions, suivant la loi de Moore (1975)[7]. L’ADN synthétique (web)[8], l’eau (web) ou encore le verre (web) sont dès à présent envisagés comme des lieux de stockage de la mémoire quasi illimitée[9]. Mais alors qu’on stocke toujours plus d’informations (souvent pour rien, si ce n’est la sauvegarde pure, la peur de la perte, qu’on pense aux photographies de famille ou aux courriels, conservés mais rarement triés ou consultés), on consomme toujours plus d’énergie, en particulier pour la gestion et le refroidissement des serveurs de stockage de l’internet. Plus encore, le monde quantique (encore au stade de laboratoire) doit ouvrir sous peu ses portes avec une nouvelle génération d’ordinateurs à la puissance sans commune mesure[10], démultipliant encore les possibles. En ce tout début de millénaire, l’homme repousse clairement les limites entre lui et Dieu (seul, triple ou multiple).

Aussi, à ce jour, on le sait, on le voit, l’Humanité ne peut plus échapper au "tout numérique". Si l’analogique n’est pas mort pour autant, il a été irrémédiablement supplanté par le numérique, qui dès lors est partout. Et encore, la révolution ne fait que commencer, car le parachèvement de l’ère numérique se fera avec l’avènement de l’Intelligence artificielle (IA) et l’ère des robots, ce qui n’ira pas sans poser des problèmes éthiques et sociétaux majeurs. C’est pourquoi il faut bien prendre conscience qu’il y a encore une génération, une seule, à peine vingt années, on se serait cru dans un monde de science-fiction. Or, aujourd’hui, le constat est simple: tout cela est réel, c’est même notre réalité immédiate. Les laboratoires sont près à libérer leurs créations et les offrir aux marchés, donc à la consommation courante des individus (qu'on se souvienne du CD ou des écrans plats). Les implants numériques pour le cerveau ou les robots domestiques, humanoïdes ou non, sont en phase avancée, pour ne pas dire finale, de test, pour le meilleur comme pour le pire, à l’image du nucléaire dans les années 1940. Tout dépendra de ce que l’humain en fera et des règles nouvelles qu’il s’imposera, qu’elles soient éthiques, sociales, économiques, militaires, diplomatiques, etc.
Ce qui est sûr, c’est que la révolution numérique est en cours. Très avancée, elle va permettre des mutations majeures aussi bien sur le plan sociétal qu’humain. Aussi faut-il repenser rapidement et collectivement le monde dans lequel nous vivons, sous tous ses aspects ou presque:

  • l’entreprise et l’économie: avec la robotisation et l’IA qui remplaceront les humains pour certaines tâches, y aura-t-il toujours du travail pour tou(te)s? Elon Musk pense que non. Pour lui et pour nombre de scientifiques ou spécialistes, le travail physique sera un choix[11]. Aussi, jusqu’où les humains seront-ils amener à encore travailler et dans quelles conditions? Que fera une population qui ne travaille pas? Quelles seront ses occupations quotidiennes? Quelles seront les conséquences sur la stabilité mondiale, sur les tendances politiques au pouvoir, sur la vie en communauté? Recevrons-nous tous un "revenu de base universel" pour pouvoir vivre?
  • la santé: avec les innovations médicales, la durée de vie sera encore augmentée, ce qui aura des répercussions considérables sur le travail et les retraites, mais aussi sur la médication et la "diagnostiquation" de dysfonctionnements chez les patients, qui pourront se faire par téléconférence ou par l'entremise du robot familial. Plus encore, avec les implants de puces dans le cerveau ou l’homme 2.0, robotisé et "IA-ifié" à souhait, renforçant ses capacités biologiques ou palliant aux déficiences physiques ou mentales, on attendra un nouveau stade d’Humanité. Marchera celui qui ne marchait plus. Verra celui qui ne voyait plus. Pensera celui qui ne pensait pas ou plus. Quel rêve de rendre les idiots intelligents! Mais dès lors, l’humain sera-t-il toujours humain? Où se situera la limite? Qu’est-ce qui le différenciera d’un robot? Selon quels critères? Qui sera juge? Quelle sera la place du corps médical et des groupes pharmaceutiques (web) dans la gestion politique et économique des sociétés? Quelles limites imposera-t-on aux assureurs (web) et aux gouvernements dans leur intrusion dans la vie privée? Restera-t-il des libertés individuelles? Si oui, comment les conciliera-t-on avec l’innovation technologique?[12]
  • le militaire: avec les robots armés (web), les drones, les armes automatisées se pose les problèmes éthiques et moraux des responsabilités des droits humains, de la protection des populations sensibles, des mouvement d'opposition, etc.[13] Et qu’adviendra-t-il avec le déploiement de matériels militaires ou d’espionnage dans l’espace, nouveau terrain de bataille géopolitique des grandes puissances? Comment seront protégées les populations? Les individus? Qui sera responsable en cas de panne ou de bug  entraînant la mort d’un individu ou la disparition d’un État? Quelles seront les réparations imposées? Où sera rendue la Justice? Par qui?
  • la sécurité: avec la mise en réseau mondiale des ressources (énergies, systèmes de santé, transports, communications, finance, etc.), le Big Brother  et ses possibles abus de contrôle, ou les virus informatiques et les hackers, sont autant de danger pour la société dont il faut se prémunir. Quelle structure internationale prendra en charge la gestion des conflits, l’élaboration de la réglementation et de la normalisation? Et qu’en sera-t-il avec l’utilisation de l’IA dans ces domaines? Jusqu’où pourra aller la dématérialisation financière et le contrôle des populations? Jusqu’où ira l’intrusion dans la "vie privée" (web)?[14]
  • le social: avec le même Big Brother, aidé par la téléphonie mobile ou les appareils connectables au réseau, qui archivent (plus ou moins légalement) et monnayent tous nos faits et gestes, notre géolocalisation, notre cursus, nos liens humains, notre santé ou notre évolution physiologique, dans des buts généralement mercantiles (on pense à la publicité dite "ciblée" ou aux assurances) ou d’intérêts gouvernementaux de contrôle de la société (on pense à la Chine et ses caméras disposées à l’intérieur des logements pour contrôler la population dite "à risque"  (web)), quelles seront les limites? Qui les imposera et les contrôlera?[15]
  • le scientifique: avec le développement des super-ordinateurs ou des ordinateurs quantiques qui offriront des possibilités toujours plus grandes pour l’analyse des big data  et le décryptage par exemple (mettant un terme à la jusqu’ici sacro-sainte affirmation protectrice: "trop d’informations tue l’information" qu’un informaticien spécialisé en cyber sécurité chez Rolex me proposait encore au tournant du millénaire), ainsi que la conquête de l’Espace autour de la Terre, mais aussi sur d’autres planètes (terraformation de la Lune ou de Mars, exploitation des ressources sur ces mêmes planètes, voire d’autres), sans oublier l’ultra-miniaturisation qui offre, elle aussi, tout un panel de possibles technologiques prometteurs, l’humain pourra-t-il jouer à Dieu en trafiquant la météo (comme se propose dès à présent de le faire la Chine, sans s’inquiéter des répercutions sur le reste du monde (web)) ou en étudiant le comportement des masses à l’image du célèbre cycle de Fondation  d’Isaac Asimov, suivant une "psycho-histoire" encore à inventer (sous toute réserve qu’elle ne le soit déjà)?[16] Et que penser du techno-populisme  qui oppose la sphère des "spécialistes" et la population au monde politique?[17]

On pourrait continuer pour pratiquement tous les champs de gestion de la société qui seront immanquablement impactés par la révolution numérique en cours. Et si certains se frottent les mains en pensant aux avantages qu’ils pourront en tirer (entre argent et pouvoir), d’autres s’y opposent déjà avec virulence et fermeté, en choisissant délibérément de retourner vers le monde analogique d’antan, souvent "en harmonie avec la Nature"!

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Le changement climatique
Le changement climatique, qui est dès à présent inéluctable et avéré, est ici considéré sous deux aspects: comme une révolution humaine dans le sens où l’humain est seul et totalement en cause, d'une part, et comme une révolution énergétique dans le sens où il va pousser l'Humanité à changer ses modes d'approvisionnement et de consommation.
Aussi, si le climat change si violement aujourd’hui, c’est parce que l’humain (ou du moins une partie des humains, pour l’essentiel issue des Trente glorieuses et de sa société de consommation sans limites[18]) l’a voulu (et le veut encore, qu’on pense aux politiques de Trump ou de Bolsarono, voire même de la Commission européenne) en exploitant abusivement les ressources naturelles, en particulier les énergies fossiles ou le bois à travers la déforestation. Et donc l’humain, par son activité consumériste tout autant que par son inactivité politique à inverser la tendance de manière rapide et efficace, est coupable de cette mutation environnementale qui, dès à présent, a des répercussions considérables (web), en particulier avec la hausse des températures, la fonte des glaces, l’augmentation des phénomènes climatiques extrêmes et de leur intensité (qu’il s’agisse des inondations, des typhons et autres cyclones, de El Niño  ou de sa petite soeur La Niña, ou encore des sécheresses touchant les zones normalement tempérées tels la Californie ou le bassin méditerranéen, entraînant des feux de forêts conséquents qui vont certes permettre une migration de la végétation vers les pôles, mais qui fragilise encore plus la biodiversité, sans oublier le rejet massif de CO2 dans l’atmosphère, amplifiant par là-même le réchauffement climatique en cours). Quid, faute d'en savoir d'avantage, de l'acidification des océans, de la prolifération des algues toxiques dans les eaux du globe (salées ou douces), de la modification des courant aérien tel le jet-stream  (ou courant-jet  en français) ou de la prolifération de virus et de bactéries multimillénaires libérés à l'occasion du dégel du permafrost  (ou pergisol  en français) circumpolaire (soit toutes les terres situées au-dessus du 60e degré de latitude: Sibérie, nord canadien, Alaska, Groenland, etc.)!
Or, point problématique, contrairement à la révolution numérique, dont on peut entrevoir assez facilement la portée sur la société et anticiper aussi bien les modifications structurelles ou légales, la révolution climatique laisse l’Humanité (cette fois-ci entendu dans sa totalité) dans le flou ou l’inconnu. Que va-t-il se passer? Pour répondre franchement: PERSONNE NE LE SAIT. Les scientifiques y vont tous de leurs hypothèses, mais aucun ne peut affirmer d’une manière absolue ce qui va advenir. La science n'aime pas dire "je ne sais pas", même quand c'est une évidence! Pour la majorité, la hausse des températures et les sécheresses sont décrites comme les plus probables avec une hausse massive du niveau des océans inondant, dès lors, des zones fortement habitées dans le monde entier (web). Tous les continents seront touchés, sans exceptions. Pauvres ou riches, le climat reste indifférent. Il change et changera, non pas à l’échelle du temps des planètes (en dizaines, voire centaines de milliers d’années), comme c’est normalement le cas, mais à l’échelle du temps humain (en vingtaines d’années ou en générations d’homme)[19]. Il est aujourd’hui trop tard pour le stopper, malgré les Conférences internationales sur le climat (les fameuses COP) et autres raouts gouvernementaux, les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)[20] ou encore les manifestations publiques des populations à travers le monde. L’Humanité ne peut plus aujourd’hui qu’essayer de limiter les dégâts. Mais même là, les détenteurs des pouvoirs politique et économique actuels (pour la quasi totalité issus des Trente glorieuses) tergiversent, freinent, marche à reculons, refusant d’arrêter de croire en LEUR modèle de gestion de la société (qui est toute leur vie)[21] ou, pour certains, refusant volontairement et obtusément de voir le changement venir (Trump, Bolsarono and Co). Les exemples sont légions.
Ainsi, la politique agricole commune (PAC - web) de l’Europe poursuit-elle encore et toujours sur le modèle post-guerre de sa "Révolution verte" de cultures intensives[22], avec utilisation excessive d’intrants issus de l’industrie pétrochimique (engrais et pesticides), plutôt que de se tourner vers une mutation de l’agriculture plus respectueuse de l’environnement, biologique ou utilisant des semences dites "paysannes" (ou traditionnelles), qui, pire, sont aujourd’hui légalement interdites, par les États européens, d’échange, de vente et de culture, bien que plus adaptées aux variations climatiques rapides, à l'inverse des semences hybrides ou OGM qui nécessitent toujours plus de ces intrants (on parle de "cocktails" de pesticides, un seul ne suffisant plus) et ont un fort impact sur les humains (obésité, infertilité, cancers, etc.), donc sur la Santé publique et ses finances, et sur l’environnement (les sols, la biodiversité, l’eau, etc.). Rien qu'en France, on estime à 25% la perte des adventices (les fameuses "mauvaises herbes" ou "herbes folles"), pourtant essentielles au maintien de la biodiversité et en particulier pour les insectes et les oiseaux, les polinisateurs naturels indispensables à la vie et à la reproduction des plantes, donc... à l'agriculture.
Dans le même ordre d'idées, les accords de libre-échange néo-libéraux entre pays, centrés sur les multinationales et la finance, prolifèrent malgré l’opposition farouche des populations, sous couvert, disent les gouvernements en place, de sécuriser l’économie et les emplois. Qu’on pense au CETA, au TAFTA, au EU-Mercosur etc. Les gouvernements n’écoutent plus la population qui réagit, dès lors, par les trois seuls moyens qui sont les siens: la manifestation, l'initiative populaire (web) et le vote (soit le vote "utile" ou de contestation (on vote un parti d’extrême droite ou gauche pour marquer son mécontentement), soit l’abstention, favorisant dans ce dernier cas, la montée progressive, mais certaine, des mêmes extrémismes de droite comme de gauche, car ceux-ci ont un électorat stable et qui vote). Donc, au final, le conservatisme en place, par ses choix politiques actuels, contraires aux attentes des populations, favorise les ultra-conservatismes nuisibles aux démocraties.
Mais l'exemple le plus probant est probablement le boycott du sommet sur l'alimentation de l'ONU par le corps scientifique. Si le sommet de l'ONU n'est pas critiqué sur sa finalité, en particulier la "faim zéro" pour 2030, il l'est fortement pour sa concentration sur les idées de l'agro-industrie. 200 scientifiques du monde entier, anciens rapporteurs spéciaux de l'ONU ou d'ONG, proposent donc un contre-sommet. Comme on l'a dit, la partie dirigeante, soutenue par un partie libérale scientifique, se repose sur des "solutions révolutionnaires" pour l'agriculture du futur. Or, à l'aurée d'une nouvelle extinction de masse au niveau mondial, comment accepter plus d'intrants de pétrole et d'OGM ou ses dérivés (les "ciseaux moléculaires" CRISPR-Cas9 nobélisés en 2020  (web)). Dans les faits élémentaires et clairs, les gros propriétaires terriens et les entreprises de l'agro-business détenant 70% des surfaces agricoles du monde ne produisent que 40% de l'alimentation. Et ce sont eux qui seront aux manettes du sommet sur l'alimentation de l'ONU. L'agro-busineess, contrairement à ce qu'il distille avec insistance, ne nourrit donc pas la planète. Ce sont les petits exploitants qui le font, avec 60% de l'alimentation mondiale produite sur seulement 30% des terres agricoles. Aussi, les OGM et autres hybrides ne sont pas la solution, excepté si ce n'est pour le profit économique des actionnaires de l'agro-business et des gouvernements par le truchement des impôts et de l'emploi (web).

Ainsi, en définitive, ces choix purement politiques (on le répète, les populations veulent le changement[23], les politiques beaucoup moins (web)) ont et auront encore plus de conséquences désastreuses sur une bonne partie de la population mondiale. C’est là la seule certitude, car ils impliquent une inertie nuisible en ces temps de mutation rapide du climat. Le "plan climat-air-énergie territorial" imposé en France aux communes de plus de 20'000 habitants depuis 2016 va dans le bon sens, mais sa mise en place est trop lente et les résultats seront trop faibles. En effet, s'il est relativement facile d'adapter les comportoments, les habitudes et les modes de vies des habitants, il est en revanche extrêmement compliqué (car très coûteux) de modifier les bâtiments et les infrastructures. La volonté politique doit être forte, au niveau étatique, avec une enveloppe budgétaire conséquente. Pour l'heure, on ne peut pas dire que ce soit le cas. Est-ce que les présidentielles de 2022 changeront la donne? Peu probable, considérant que ce sont les mêmes candidats qui concourent qu'avant.

L’agriculture avec la diminution des ressources en eau et la modification forte du climat devra s’acclimater. De nouvelles semences devront être sélectionnées et utilisées, et ce ne sera certainement pas des semences transgéniques mal adaptées aux changements. On le voit avec le coton Bt (OGM) au Burkina Faso. La conversion lancée en 2008 et représentant au maximum les trois quart de la production du pays, a finalement échoué et le Burkina Faso est revenu à une culture conventionnelle[24]. On peut encore parler de la crise en Inde, avec un suicide de paysan toutes les 30 minutes dû à l’implantation des OGM et de la "Révolution verte" (promotion de la culture intensive et transgénique)[25], mais également la promulgation par le gouvernement Modi de trois lois engendrant une dérégulation brutale du système public alimentaire et agricole, mi-septembre 2020[26]. Aussi, il faudra probablement retourner à des semences dites "paysannes", traditionnelles, oubliées par les multinationales de l’agro-business et leur "Révolution verte" (qui n'a de vert que le nom) jusqu’ici, car non rentables faute de pouvoir être brevetées et contrôlées dans leur vente et leur reproduction. En effet, une étude étatique suisse menée sur le long terme par le Centre de compétences de la confédération pour la recherche agricole, l’Agroscope, montre que les gains générés par l’agriculture biologique sont en moyenne 22% inférieurs à ceux des méthodes conventionnelles, mais que l’agriculture biologique est 2 fois plus favorable à l’environnement (web). 
Quoiqu'il en soit, cela prendra du temps, quelques décennies au moins, et donc, des pénuries (déjà existantes depuis quelques années) vont se multiplier, entraînant avec elles la hausse des prix sur les marchés mondiaux et une inévitable spéculation financière aveugle, impliquant de facto  des instabilités politiques dans les pays en voie de développement, en particulier là où les populations sont les plus pauvres, mais aussi de fortes migrations de populations (économiques cette fois) qui vont obligatoirement impacter les pays voisins, puis les pays riches et bouleverser la stabilité mondiale ou entraîner une nouvelle ségrégation clivante et nuisible[26b]. Par chance, les pays du Sud, en particulier en Afrique, recherche de plus en plus la "souveraineté alimentaire" et donc développent des politiques agricoles allant dans ce sens. C'est du moins ce que montre le rapport de la Fondation Jean Jaurés rédigé par Pierre Jacquemot, parue le 13 septembre dernier, et intitulé "La reconquête de la souveraineté alimentaire en Afrique. État des lieux et propositions" (web).

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Mais tout ceci sera pour autant que la hausse des températures soit le changement réel à venir, en tout cas à court ou moyen terme. Or, que se passera-t-il si, comme le pense une minorité de scientifiques, au lieu d’un réchauffement climatique annoncé, nous entrons dans l’exact opposé, à savoir une nouvelle période glaciaire? Cela peut paraître absurde et les gouvernements font la sourde oreille, soutenu en cela par nombre des médias mainstream. Mais, des études scientifiques apparaissent régulièrement pour annoncer le changement.
Comment la hausse des températures pourrait se traduire par une période glaciaire? Plusieurs théories existent. L'une concerne le "minimum de Maunder" et dépend des vagues magnétiques à l'intérieur du soleil (web). L'autre est plus complexe et implique deux éléments (on pourrait y ajouter les courants aériens), car malgré le développement des sciences les concernant, on ne sait quasiment rien des répercussions que la modification de ces éléments peut avoir. En effet, les deux laissés pour compte de la recherche scientifique à ce jour (outre les femmes) sont les océans (dont on ne "connaît" que 3%) et les forêts primaires (dont la très forte biodiversité empêche encore l'établissement de modèles scientifiques qualitatifs). Aussi, tout naturel, que l’un de ces éléments principaux d’incertitudes soit attenant à l’un d’entre eux. Tout commence par la fonte massive des glaces, en particulier au pôle Sud et au Groenland. La quantité d’eau douce relâchée commence à impliquer la montée drastique de la hauteur des océans du globe (web). Or ce phénomène impacte aussi sur la salinité de ces océans, donc sur la densité des eaux (la circulation thermoaline) et donc, c’est le second élément, elle va impacter sur les courants marins. Si, comme certains le prévoient, la circulation méridienne de renversement de l'Atlantic (AMOC), dont fait partie le Gulf Stream, courant marin chaud qui remonte le long des côtes de l’Europe de l’Ouest, vient à s’arrêter ou à changer de sens, le climat tempéré de ce continent sera complètement bouleversé et devrait tendre vers un climat continental proche de celui de la Sibérie (très froid en hiver, très chaud en été - web). Mais d’une manière plus générale, si ce cas de figure se produisait, personne ne peut prédire comment se comporteront les courants marins et de là, le climat dans chaque partie du monde. Y aura-t-il ou n’y aura-t-il pas modification des courants marins? Et si oui, quelles en seront les conséquences sur le climat? Et comment impacteront les courants aériens sur ce changement climatique? Aucune certitude n’existe à ce jour.

Quoiqu’il en soit, les changements climatiques vont être rapides et brutaux ces prochaines années. Et inutile de dire que l’Humanité n’y est pas prête.
Autre phénomène dont les scientifiques ignorent totalement la portée: la fonte des glaces au pôle Sud et au Groenland, et dans une moindre mesure des banquises et du pôle Nord (web), entrainent une augmentation du niveau des océans qui, si elle fondait complètement, entrainerait une hausse du niveau des océans de... 80 à 100m (web) . Mais collatéralement, elle provoque aussi une variation sensible de la répartition du poids de cette glace fondue qui ne sera plus aux deux pôles, mais diluée sur l’ensemble des océans la planète. Qu’en sera-t-il alors de la tectonique des plaques, des éruptions volcaniques et de tremblements de terre connexes? Comment tout cela va-t-il impacter sur la société, sur l’Humanité? La réponse est tout simplement, une fois de plus: "on n’en sait rien!" Que des conjectures, des hypothèses, des modèles empiriques et autres. Pire, les scientifiques viennent tout juste d’en prendre conscience[27]. Auront-ils le temps pour échafauder des simulations avant que les catastrophes ne surviennent? Et même s’ils y parviennent, arrivera-t-on à en limiter les conséquences sur la population?[28]
D’où, faute de certitudes, les théories de tous horizons se propagent, de la plus raisonnée à la plus farfelue, entre fin du monde et cataclysmes destructeurs, d’une part, et positivisme gaïen[29] ou modérateur, de l’autre.

Quoiqu’il en soit, aucun doute sur un fait: l’Humanité dans son ensemble devra s’adapter. Par chance, l’humain a une capacité majeure, si ce n’est la principale (comme en fait tous les éléments du vivant): l’adaptation. Que ce soit dans la pire des horreurs (qu’on pense aux camps de concentration nazis ou aux goulags soviétiques), dans des climats arides (qu’on pense aux Bushmen australiens ou aux Touaregs du Sahara) ou dans les climats glaciaux (qu’on pense aux Inuits ou aux habitants des villes pétrolières de l’extrême nord de la Russie), ou encore dans les bidonvilles sans eau courante ni potable des pays du Sud ou dans les forêts primaires d’Amazonie ou d’Afrique, l’humain a toujours réussi à s’adapter à son milieu et à établir un équilibre lui permettant, si ce n’est de vivre, tout du moins de survivre. Il en sera de même avec cette révolution climatique majeure. Reste à savoir à quel prix ou d’une manière plus directe, avec combien de morts? Restera-t-on dans une fourchette de quelques millions ou atteindra-t-on le milliard? Ces morts sont dès aujourd’hui inévitables, non pas parce que tout le monde doit mourir un jour, mais parce que l’Humanité, faute de décisions politiques fortes (en particulier avec une régulation drastique de l’économie ultra-libérale), bascule dès à présent vers le chaos. On peut se voiler la face comme nos dirigeants, mais le constat est simple et évident, sans besoin d'être alarmiste: simplement, on va droit dans le mur. Se posera alors un autre problème de taille: que va-t-on faire de ces millions de corps sans vie? Les enterrer? Mais où? Ce d’autant plus que considérant la diminution considérable des populations d’insectes et de bactéries, ceux-ci n’arrivent déjà plus à décomposer les corps enterrés, à moins que ce ne soit le trop plein d'additifs ajoutés par l'agro-business dans notre alimentation. La question n'est pas tranchée[30]. Les incinérer? En plus de devoir construire des installations pour ce faire, l’impact sur l’environnement serait conséquent, en particulier avec le rejet massif de CO2 que cela va impliquer. Les immergés aux fonds des océans? Qui pourra prédire les conséquences d’une telle décision sur la faune et la flore, mais aussi les maladies, etc.?[31] Les envoyer dans l’espace ou sur la Lune? Une idée pas si farfelue mis à part son coût prohibitif. Les manger en en faisant des galettes vertes ou jaunes comme dans Soleil vert  (1973) de Richard Fleischer? Avec un bon assaisonnement, pourquoi pas! À moins que Seth Viddal, de Denver, ait la solution en proposant tout simplement, en septembre dernier, de composter les corps des défunts  (web)? Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, mais là au-moins ce serait utile à l'agriculture! On appelle cela la "terramation" (web).
En fait, on oublie trop souvent que la majeure partie du temps la Nature est fort bien faite et que les "produits chimiques" créés par l'humain ne sont pas nécessaires, voire sont nocifs. Prenons le cas des engrais issus de la pétrochimie. Formidables au niveau du rendement économique pour les multinationales de l'agro-business ou du pétrole, mais beaucoup moins pour l'environnement. Or, il existe deux très bons engrais des plus naturels: le pipi et le caca, ou si vous préférez (pour cause d'éducation puritaine), l'urine et les selles. Ils sont nocifs, oui! Arnaud Robert nous rappelle, dans sa remarquable synthèse sur nos excréments, intitulée La révolution des toilettes, parue en 2019, que "un gramme de selles contient 10 millions de virus, un million de bactéries et plus de 10'000 germes parasitaires" (web). On précisera, rapidement, pour relativiser ses chiffres considérables que "les humains abritent en symbiose dans leur organisme 2kg de bactéries, soit plus de 100'000 milliards de bactéries, ce qui est 10 fois le nombre de cellules d'un coprs humains"[31b]. Quoiqu'il en soit et ce qui nous intéresse ici, Arnaud Robert ajoute: "quand les excréments sont répandus dans l'environnement, ils finissent par nuire aux populations". Oui, c'est vrai! Mais aussi vrai que les radiations nucléaires peuvent tuer des centaines de millers de personnes avec une seule bombe (cf. Hiroshima ou Nagasaki), elles peuvent aussi permettre de soigner les cancers. De même, le venin des serpents ou des scorpions peut tuer de manière foudroyante, mais peut aussi servir à créer des antidotes ou des produits pharmaceutiques. Eh bien, de même, les excréments humains peuvent servir d'engrais. Les selles doivent être séches pour que virus et bactéries soient détruits. L'urine, elle, doit subir un traitement simple (à base de charbon), après quoi, elle s'avère être un excellent engrais. Or, pour se faire une idée du potentiel de ces matières, un adulte humain urine en moyenne 1,5 litre en 24h (c'est une moyenne). Considérons 7 millards d'humains sur Terre en 2021, on aurait... beaucoup d'engrais disponible, sans pétrole, sans nuisances environementales, sans frais de transports excessifs à travers les mers du globe, etc. Mais ce n'est pas brevetable, et donc cela ne peut être rentabiliser ni liquéfier en monnaie 2.0 sur les marchés financiers. Quoique![32]

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L’ère de l’individu
Cela nous amène à la troisième mutation-révolution d’importance de cette "Révolution tricéphale": l’avènement de l’individu (accordons nous un abus de langage, car en fait on devrait d'ailleur plutôt dire "l'ère de l'unique" ou "l'ère de l'élément unitaire"). Elle est de loin la mutation - révolution qui suscite les plus vives réactions et oppositions de par le monde. Car elle touche la famille et le mode de vie de la très large majorité de l'Humanité, et tout particulièrement... les religions. Qu’est-ce à dire?
Jusqu’à présent, on pourrait affirmer que jusqu’au tournant du nouveau millénaire, l’Humanité se basait sur la structure familiale, soit "un homme et une femme qui ont des enfants". Elle pouvait être élargie aux petits-enfants ou aux grands-parents, voire aux domestiques, etc. De fait, cette structure familiale pouvait avoir différentes formes: sous l’Ancien Régime européen, par exemple, la famille, c’était le "foyer" ou "feu": un homme chef de famille (le père, le grand-père, le frère ou encore l’oncle), et le reste de la famille associée, sous son autorité. Il gérait l’ensemble des avoirs et décidaient de l’essentiel des actions du foyer. Il était aussi responsable personnellement vis-à-vis de l’autorité et bien souvent était le seul à avoir des droits de citoyens ou de bourgeois dans les villes qui gagnaient en importance.
Dans les pays Musulmans (qui aujourd'hui, avec les Juifs[34]) sont la principale source de rejet de cette mutation - révolution, on a à peu près la même structure, avec la particularité de la possibilité d’être polygame (autrement dit, d'avoir plusieurs femmes pour un seul homme pour autant qu'il en ait les moyens financiers), tout comme chez les Mormons, et en opposition aux Chrétiens, aux Juifs, aux Bouddhistes, aux Shintoïstes etc.[35] Le couple est donc la base de la société et dans certains pays, cette base est même inscrite dans la constitution. Tel est le cas de l’archipel du Cabo Verde (dont la constitution a été reprise de la constitution portugaise, après l’indépendance acquise en 1975)[36]. Cette notion est importante.
Or, aujourd’hui, non seulement la notion de famille comme base de la société tend à s’affaiblir, si ce n’est à devenir secondaire, mais plus encore, les législations changent rapidement en faveur de l’individu. Ainsi, de plus en plus, se développe les droits de la femme, les droits de l’enfant (1989) et même les droits des animaux. La Suisse, pour ces derniers, est pionnière, car elle prend en compte désormais le "bien être" animal. Il est ainsi interdit, sous forte peine d’amende, de relâcher un poisson pêché, la technique du no-kill  (il faut le tuer, et pour cela, la licence de pêche est soumise à un cours sur la mise à mort propre d’un poisson - web). Elle interdit également de transporter des crustacés vivants hors d’un aquarium. Les langoustes, homards et autres crabes doivent être transportés de l’océan à la Suisse dans des camions spécifiques, comprenant des aquariums avec de l’eau correspondant au milieu de vie des animaux transportés (salinité, température, etc. - web). Et il est également interdit de les ébouillanter pour la cuisine. Il faut qu’ils soient préalablement tués suivant des techniques précises, définies par la législation, avant d’être mis à cuire (web). Ainsi, on le voit, chaque être vivant est désormais pris en considération par une législation qui tend vers "l'unité", "l'unique", "l'unicitaire". Les plantes seront logiquement les prochaines à être intégrées à ce processus? En effet, déjà aujourd'hui, de plus en plus de scientifiques s’intéressent au monde végétale en tant qu’entité intelligente à part entière. On a découvert récemment que les arbres communiquent entre eux, sont des lanceurs d'alertes et ont un comportement "social", malgré leur impossibilité à se déplacer. Ils sont aussi capables de modifier leur taux de tanin en fonction des dangers, donc agissent en fonction "d'émotions".
Aussi, au final, on tend à avoir des droits individuels de plus en plus prégnants et à être pris en considération dans sa personnalité propre (même si pour les animaux ont en reste encore au stade de la souffrance; ils n’ont pas encore le droit de vote).

D’une manière plus générale, la modification la plus importante qui a lieu depuis le début du millénaire, concerne le mariage. Celui-ci n’est plus établit entre un homme et une femme, base de la cellule familiale traditionnelle, mais peut être contracté par deux personnes du même sexe. Plus encore, les individus peuvent choisir des formules administratives d’union autres que le mariage, tels que le PACS, le concubinage, l’union libre etc. Le Japon franchit un pas supplémentaire. L'entreprise Gatebox y a délivré quelques 3'700 certificats de mariage attestant "qu'un humain s'est uni dans une autre dimension avec un personnage virtuel" (web). Autrement dit, la société (à défaut de la legislation) y accepte dorénavant l'idée que le mariage peut lier un humain avec un "non-humain". Plus encore, un récent sondage (octobre 2021) montre que 48% des hommes interrogés seraient disposés à avoir des relations sexuelles avec un robot, contre 33% des femmes, et 43% des hommes pensent pouvoir tomber amoureux d'une AI contre toujours 33% des femmes (web).
Aussi, la diminution des mariages et l’augmentation des divorces vont dans le même sens: une plus grande flexibilité dans le choix du mode de vie de l’individu. Les sociétés dites occidentales, mais également celles des pays émergents, connaissent de plus en plus de familles dites "monoparentales" ou alors à l’inverse de "familles recomposées", avec des enfants issues de parents différents, augmentant les demi-frères ou demi-sœurs, les beaux-pères et les belles-mères. Ceci sans oublier, l’ouverture, bien qu’encore très faible, aux sexualités variables que l’on a pris l’habitude de regrouper sous le sigle LGBTQ+, soit les homosexuels hommes ou femmes, les bisexuel(le)s, les transsexuel(le)s, les transgenres, les Queer, etc.
Aussi, pour faire simple, la société dominante d’aujourd’hui tend à abandonner la notion administrative (car c’est bien cela qu’il faut comprendre dans la "famille traditionnelle" que ce soit sur le plan laïc aussi bien que religieux) de "famille" pour se tourner vers la notion plus universelle de "l’individu" ou de "l'unique", à travers laquelle la liberté de chacun à être ce qu’il veut, comme il le veut, préside, associant de facto  un élément fondamental qui prévaut dorénavant: le sentiment amoureux ou l’Amour et la liberté de choisir sa vie, intrinsèquement liée (web). On se regroupe et on vit ensemble parce que l’on s’aime, parce qu’on le choisit, parce qu’on le veut et non parce qu’on le doit, parce que les autres le veulent, parce que nos parents ont donné leur accord ou nous ont arrangé une union qui correspond à leurs attentes sociales, financières, religieuses ou autres. L’individu aujourd’hui ne doit plus subir, mais être acteur de sa propre vie, de ses propres choix existentiels, et ce, dès son enfance. Les autres n’ont leur mot à dire que si on le leur demande explicitement. On le voit, on est très loin de la structure paternaliste issue de la préhistoire qui a prévalu jusqu’au début de ce siècle, à l’exception du monde musulman qui émet une très forte résistance.
En contrepoint de ce fait, on peut aujourd’hui ne pas se marier, ne pas être en couple. Le regard de la société a changé, mais la montée de l'individualisme devient "un défi majeur de nos démocraties" (web). Il ne s’agit plus de tous faire pareille (le sacro-saint poids de la tradition), mais d’accepter les différences, la pensée "autre". Avant, ne pas être mariée ni avoir été mariée pour une femme, que l’on traduit par l’expression méprisante de "vieille fille", était source de souffrance pour les dites femmes. Elles prenaient la "civilité" de "Mademoiselle". Les hommes, eux, n’ont jamais eu de civilité particulière pour n’être pas mariés. Ils ont eu et ont encore et toujours celle de "Monsieur"[37]. Or, aujourd’hui, cette particularité de la civilité féminine est moindre, même si encore présente dans les esprits, que l’on pense à la célébration tous les 25 novembre des "Catherinettes", ces jeunes femmes de 25 ans et encore célibataires. Très clairement, se marier, voire être simplement en couple (union libre), n’est plus une obligation. Cela reste dans l’esprit des femmes d'aujourd'hui (en général), car cela appartient au culte de la princesse et de son prince charmant, dont on abreuve encore les fillettes (même si le leader Walt Disney tend à faire des efforts en modernisant ses contes pour enfants et en offrant d’autres modèles d’héroïnes que celui de la princesse qui attend son prince charmant afin de "vivre heureux et d’avoir beaucoup d’enfants"). Est venue la mode du sex-friend, puis, celle plus souple du frex ! Sus à la vie à deux à perpétuité! Vive le célibat bien entouré de ceux qu'on aime! (web)
De même, la mise à mort de la "genration" traditionnelle de l’individu, soit un homme OU une femme, ouverte dès à présent dans nombre de pays au LGBTQ+, voire à "l’indéfini" ou le "autre", a permis l’ouverture d’esprit et la liberté de choix d’être ce que l’on veut comme l’on veut, non sans de farouches oppositions parmi les populations musulmanes, juives ou slaves où le culte de l’homme et de sa masculinité prévaut encore. Ce changement, outre les idéologies rétrogrades ou fondamentalistes, ne va pas sans poser de difficultés. L’exemple le plus probant se trouve en Chine. À la suite de la révolution communiste chinoise, dont on vient tout juste de fêter le centenaire, la population a été soumise au diktat de l’enfant unique. Le contrôle des naissances a été drastique, en particulier dans les villes. La Chine, il est vrai, était alors le pays le plus peuplé au monde et la pauvreté de la population (à la base de la révolution communiste) était très forte. Limiter le nombre d’enfants semblait logique. Or, la Chine fait partie de ces pays où (contrairement aux pays occidentaux) les enfants doivent prendre soin de leurs parents quand ceux-ci sont devenus trop âgés. Ceci a engendré le phénomène violent d’infanticides massifs parce que les familles voulaient avoir un garçon en guise d'enfant unique (et non une fille), afin que celui-là, une fois le moment venu, prenne soin de ses parents. Une fille, a contrario, rejoint la famille de son mari, donc ne pourra pas soutenir ses propres parents. Elle quitte le foyer pour, bien souvent, n’y plus revenir. Outre le manque de femmes au bout d’une ou deux générations (déficience que l’on retrouve aujourd’hui en Inde), la Chine fait aujourd’hui face à une situation complexe, car après son boom démographique, elle entre dès à présent dans la phase de vieillissement de la population. Dépassée par l’Inde qui poursuit son boom démographique, la Chine s’aperçoit, un peu tard, qu’elle n’aura plus assez de jeunes pour payer les retraites de ses vieux habitants ni pour stimuler sa croissance économique, qui va donc s’essouffler. Or, ce phénomène connaît un autre coup dur: les nouvelles générations, en particulier les femmes, ne souhaitent plus avoir des enfants, ni même être en couple, suivant le modèle (volontairement ou non) des femmes occidentales dans les années 1970 et suivantes. La sortie de la pauvreté de la population chinoise, annoncée en grande pompe par le président chinois Xi Jinping en février 2021, a de facto  entraîné une augmentation du niveau de vie des habitants et en particulier des citadins, comme cela a été le cas dans les années 1950-1960 en France et l'est aujourd'hui au Cabo Verde, à la suite de quoi les foyers n’avaient plus huit ou dix enfants, mais un ou deux. En Chine, les foyers ne sont plus ressentis comme un besoin pour les jeunes générations, un phénomène accentué par l’avènement de la technologie, en particulier la téléphonie mobile et les réseaux sociaux. L’idée est qu’on peut vivre heureux en étant seul. On est plus libre et moins contraint à la "dictature" des parents, en particulier pour les femmes qui, lorsqu’elles sont mariées, sont soumises au "diktat" des parents du mari, souvent aux limites de l’esclavage[38]. Dès lors, les jeunes d’aujourd’hui peuvent avoir des relations sexuelles avec qui ils veulent, quand ils veulent, quel que soit le sexe d’ailleurs. Les tabous tombent et les modes de contraceptions féminines sont en libre accès. La contraception masculine, elle, est tue, ignorée, volontairement passée sous silence par pur machisme (web). L'idée étant encore que "la contraception (comme les tâches ménagères), c'est un truc de femme!" Quoiqu'il en soit, désormais, on peut se retrouver entre ami(e)s quand on le souhaite, sans s’obliger à vivre les obligations et contraintes familiales, suivant l’adage bien connu: "on choisit ses ami(e)s, pas sa famille". Cette mutation apparaît n’avoir que des bénéfices sur le plan humain et mental, mais pas sur le plan politique ni sociétal. Aussi, le Gouvernement de Xi Jinping tente par tous les moyens d’amener les jeunes à suivre les traditions familiales, à se marier, à fonder une famille, avec force propagande et culpabilisation à la clé[39]. La dernière étape de cette propagande active, pour lutter contre le vieillissement de la population, est d’autoriser les familles à avoir non pas un, ni deux enfants, mais trois enfants[40]. Pas sûr, que la jeunesse chinoise suive le mouvement, d’autant plus que, pour elle, cela apparaît également être un excellent moyen de lutte politique face à l’écrasante mainmise du Parti communiste chinois sur leur vie quotidienne, s’éloignant toujours plus des libertés individuelles et de la démocratie à l’occidentale pour entrer dans un système autoritaire dur que mêmes les gouvernements occidentaux ne peuvent plus ignorer. La démocratie chinoise est aujourd’hui, de fait, un système autoritaire invasif et contraignant, qui fiche officiellement chaque citoyen en les notant et "rééduque" les récalcitrants, en particulier les populations musulmanes de l’Ouest considérée d’une manière globalisante et à des fins de rétorsions sous le terme générique accusateur (et faux ?) de "terroriste". L’internet est bridé, tout autant que la presse. Les entreprises doivent répondre aux attentes de l’État et jouer les espions. Hong Kong, dernier retranchement des libertés individuelles, vient d’être soumis par le PC chinois, dans le plus grand silence des puissances démocratiques occidentales, et d’ici à peine cinq ans, nul doute que Taiwan subira le même sort (web1) (web2). La suite envisagée par le PC chinois n’est pas claire, mais il est fort probable que ce dernier, devenu première ou deuxième puissance mondiale (tant économique que militaire) tente d’imposer sa vision de la "démocratie", qui n’est autre qu’un immense Big Brother  autoritaire, un totalitarisme basique, que seule une révolution par la population excédée pourrait faire tomber, à l’image de la révolution française de 1789.
Notons au passage que Sylvie Lainé offre une solution de plus réaliste pour lutter contre la surpopulation mondiale à venir dans une de ces nouvelles intitulée "Au pied du manguier". Elle y suggère, face aux 9 milliards d'humains annoncés pour 2100, un nouveau mode de gestion des naissances. À l'âge de l'émancipation sexuelle (16 - 18 ans), femmes et hommes font un choix. Soit ils ne veulent pas d'enfants et sont libres de faire ce qu'ils veulent, de choisir leur(s) partenaire(s) sexuel(les), leur mode d'union, mais avec l'unique condition d'être opéré pour ne plus avoir d'enfants. Soit, ils choisissent d'avoir des enfants, mais avec deux contraintes fortes: d'abord, ils sont tenus d'être en couple avec l'autre "parent" durant 20 ans et les enfants sont élevés par la communauté toute entière. Un choix drastique, mais non dénué d'intérêt qui trouverait, sans aucun doute, ses réfractaires![41]

Enfin, tout autant que cette nouvelle liberté accordée aux femmes depuis les années 1970, doit être considéré le droit de l’enfant (1989). Auparavant soumis au "diktat" (généreux ou cruel) des parents, l’enfant est devenu "roi" (entraînant une autre forme d’abus), mais plus encore, par l’entremise d’une législation qui ne cesse d’évoluer en ce sens, l’enfant n’est plus le pupille, mais devient un individu à part entière. En France, par exemple, il reste sous l’autorité des parents, mais peut divorcer de ses parents, porter plainte pour une fessée ou une claque auprès de la justice (alors qu’il n’y a pas si longtemps, celles-ci étaient légions - web), ou encore siéger à un conseil municipal des enfants (CME) afin de donner son avis sur le développement de la commune sur laquelle il vit. La raison de cette évolution est multiple, mais l’une des principales est sans aucun doute l’augmentation drastique de la connaissance due au système éducatif et parascolaire. Un enfant aujourd’hui sait bien plus de choses qu’un enfant d’après-guerre ou d’avant la Révolution industrielle. C’est d’ailleurs pourquoi de plus en plus fréquemment sont envisagées des initiatives pour descendre le droit de vote à l’âge de 16 ans. Les enfants deviennent adultes ou matures (d’une certaine manière) plus tôt dans leur développement personnel intellectuel et sont donc plus aptes à savoir ce qu’ils veulent et à le faire entendre à leurs tuteurs, qu’ils s’agissent de leurs parents, de leurs professeurs ou d’autres adultes de leur cercle. Plus encore, dans l’ancien système, l’enfant était considéré comme une main-d’œuvre (des bras supplémentaires pour aider "l’entreprise" familiale, généralement agricole). Le taux de mortalité était considérable et le nombre de naissances par femme tout autant. Avec l’élévation du niveau de vie, le nombre d’enfants à considérablement diminué tout autant que le taux de mortalité. Aussi les parents ont commencé à considérer différemment leur progéniture, en particulier à vouloir leur offrir une enfance et une vie qu’eux-mêmes, bien souvent, n’avaient pu avoir, entraînant l’avènement de "l’enfant roi". Les activités scolaires, mais aussi et surtout parascolaires se sont multipliées, entraînant par la force des choses à faire de l’enfant non plus des bras pour aider, mais un individu à fortifier et à choyer.

En conclusion, aujourd’hui chaque individu ayant dorénavant droit au chapitre, la famille, lieu moins démocratique qu’autoritaire sous l’emprise du dominant mâle (le père ou un autre homme), devient ou doit devenir une démocratie libérale au sein de laquelle chaque membre a le droit de vote. La décision finale est dès lors prise à la majorité, à moins que des contingences extérieures (financières, morales, éducatives, etc.) ne la supplantent[42]. C’est une véritable révolution en cours qui entraîne de très fortes oppositions d’ordre coutumier ou religieux, pour ne pas dire idéologique. La famille ne disparaît pas pour autant, mais elle est revisitée en fonction des avis et des besoins des individus qui la composent, et plus encore, elle cède la place sur le plan législatif à l'individu.

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La réaction: du conservatisme à la montée des fascismes et du terrorisme barbu
Tout ceci est bien sûr en cours et ne va pas sans heurts. Si l’une des plus grandes capacités de l’humain est l’adaptation, un de ces plus grands défauts est l’inertie ou le refus du changement. Les humains ne détestent rien de plus que de subir un changement. On aime la tradition, on aime les habitudes, on aime le train train quotidien. Alors quand vous dites à des humains que leur monde va complètement changer d’ici 10, 15 ou 20 ans, forcément, ils ne vont pas être contents. Fini le mariage "naturel" entre un homme et une femme, fini l’argent en espèce, fini le soleil en été et la neige en hiver, fini le travail à l’usine car les robots sont là pour vous rendre la vie agréable et travailler à votre place, fini l’homme tout puissant qui arrive du travail et met les pieds sous la table pendant que Madame, elle aussi rentrant du travail, prépare le dîner, fini le foot avec les copains parce qu’il faut faire la lessive suivant la nouvelle répartition équitable des tâches ménagères, fini la sacro-sainte vision d’un homme faisant l’amour avec une femme, voire deux, et procréant l’humanité de demain, alors que maintenant il suffit d’aller dans une banque de sperme et de faire du in vitro  ou de la PMA pour avoir un enfant, fini la belle vie d’entant où tout était si simple et si bien structuré (pour autant qu’on soit un mâle)!

Plus les révolutions sont grandes et fortes, plus les réactions sont vives et irréfléchies. À la réaction d’une guerre illégitime perpétrée par la super puissance arbitre du monde, sur des motifs fallacieux de présence d’armes de destruction massive finalement inexistantes, une partie du peuple, ayant tout perdu, se sentant humilié et choqué, s’est ligué et a agi avec ses moyens, devenant ce que l’on a pris l’habitude de nommer "des terroristes". Plus encore, les Américains ne se sont pas contentés d’envahir un pays dont le peuple ne leur avait rien demandé, ils ont en plus décidé de transgresser ouvertement la loi, sans que la communauté internationale n’intervienne si ce n’est à travers quelques dénonciations diplomatiques d’usage (la France en tête, l'honneur est sauf!). Des prisons secrètes ont vu le jour en Pologne pour enfermer les "terroristes", où ils ont été torturés contrairement aux lois internationales, mais plus encore, le gouvernement américain de Georges Bush Jr a décidé de créer une prison à Guantanamo (sur l’île de Cuba) hors de toute juridiction, emprisonnant des individus jugés dangereux sur des critères forts discutables et leur niant le plus élémentaire droit de Justice. Il se trouve que la population visée par les régisseurs du monde est à grande majorité de confession musulmane. Or la religion musulmane est très fortement politisée et patriarcale[43]. Deux éléments fondamentaux qui ont amené des hommes à se tourner en nombre vers l’extrémisme violent, selon la simple loi d’action-réaction newtonienne. Leurs actes sont dès lors monstrueux et immoraux, faussement basés sur la religion, mais se résument dans les faits par un retour à la loi du plus fort, aux origines de l’Humanité. Au lieu de se tourner vers le futur, vers une possible vie meilleure, grâce à la technologie, le capitalisme raisonné (qui a quand même permis à la majorité de l’Humanité de manger à sa faim, ce qui n’est pas rien), les terroristes d’aujourd’hui (qu’on les appelle ISIS, Boko Haram, Al Quaida, Talibans, etc. - web), tous à l’origine de confession musulmane, ont décidé de tourner le dos à la société occidentale dominante tout autant qu’à la leur et de mettre en place une société dans laquelle ils sont les seuls maîtres, les seuls législateurs, les seuls décisionnaires, et ce, jusqu’à ce que quelqu’un les remplace, généralement de manière violente. Tous ceux qui ne font pas partie de ce groupe réduits d’hommes dominants (femmes, enfants, vieillards, intellectuels, artistes, etc.) sont soumis à l’autorité suprême (allant jusqu’au droit de vie et de mort) des dominants, sous une forme d’esclavage et de soumission ancestrale des plus brutales. Cependant, cet état de fait ne permet pas de les définir comme des "monstres" (malgré les gestes atroces et monstrueux perpétrés), ni de les sortir de l’Humanité. Ils sont et restent des humains à part entière, mais des humains qui ont décidé, faute de ne plus pouvoir se construire dans la société moderne qui leur à retirer tous leurs privilèges et leurs rêves d'intégration, voire qui les a humiliés, de retourner à l’état original, celui du monde primaire des mammifères (dont nous faisons tous partie), où le mâle le plus fort décide pour le reste de la communauté de la voie à suivre, jusqu’à ce qu’il soit remplacé par un autre mâle plus fort que lui.
Quoiqu’il en soit, l’avènement des terroristes, auteurs de la terreur, l’acte le plus négatif d’un humain vis-à-vis de la communauté, est la conséquence de décisions politiques des dirigeants occidentaux et de choix sociétaux qui n’ont pas respecté les individus privilégiés jusqu’ici, ni leurs croyances, et qui, par leur violence et leur déni d’équité (pire encore pour des raisons purement économiques), les ont poussé à entreprendre une bifurcation à 180°, aux sources de la gestion de l’Humanité, pour tenter de conserver ce qu’ils considèrent comme leurs droits légitimes, ceux qu’ils ont toujours connus: la maîtrise sur la cellule familiale traditionnelle et sur la société dans laquelle ils vivent, être l’homme fort, le chef de famille et le décideur.

Si le monde musulman est à la base de cette violence terroriste rétrograde et passéiste, les autres religions ne sont pas en reste. Les orthodoxes et réactionnaires, tous sexes confondus, tous âges confondus, toutes religions confondues, résistent, manifestent, s’opposent, parfois violement, parfois démocratiquement aux changements sociétaux radicaux qui vont à l’encontre de leurs croyances, de leur vision traditionnelle du monde, en particulier en ce qui concerne la cellule familiale dite dès lors "naturelle", comprenant un homme et une femme entourés d’enfants (même si la Nature offre tout un panel de structures et de sexualités allant jusqu’à l’hermaphrodisme ou le changement naturel de sexe en fonction de l’âge ou des besoins de survie). Aussi, face à la nouvelle législation pour le "mariage pour tous", la procréation médicalement assistée (PMA) ou la gestation pour autrui (GPA), une partie du peuple, sous couvert de "la Nature" ou de religions conservatrices, manifeste son mécontentement avec virulence et dénonce un abus de pouvoir. Cependant le constat est là: en l’espace d’à peine une quinzaine d’année, la GPA est passée du statut d’exploitation commerciale du ventre de la femme (rejeté par la majorité des Français(e)s) au statut légitime de procréation au nom du droit d’avoir un enfant (accepté par la majorité des Français(e)s), avec l’inscription réelle sur les registres d’état civil en France, par exemple, d’enfants nés de GPA aux USA, soit un autre nouveau droit individuel tout puissant créé par la société du troisième millénaire)[44].
Face à l’explosion des familles traditionnelles au profit des familles recomposées (nucléaires), une partie du peuple se laisse pousser la barbe et part en guérilla contre la déliquescence de la société qu’elle a toujours connue. Face à l’avènement du droit des femmes et de l’égalité des sexes, une partie du peuple se retranchent vers des visions politiques sectaires prônant la blancheur de peau et le patriarcat suprême que l’on connaît plus sous le terme de suprématisme si bien décrit par Sylvie Laurent dans son ouvrage Pauvre petit Blanc: le mythe de la dépossession raciale (2020) [44b], et qui entraîne les dérives fascistes, dont on connait bien aujourd’hui les capacités destructrices. La liste pourrait se poursuivre indéfiniment. Le point commun: tous refusent systématiquement les changements sociétaux actuels qui pourtant sont inéluctables. Et parce qu’ils sont inéluctables (ce sera encore plus le cas avec l’avènement des robots et de l’IA), les réactions sont et seront de plus en plus démonstratives et violentes. Le XXIe siècle sera un siècle de guérillas incontrolables et obtuses, celles-ci apparaissant alors comme le seul et unique moyen, l’ultime moyen (perçu pleinement comme légitime) de renverser la situation et revenir au monde précédent, connu et reconnu, plus sécurisant, quand bien même ce dernier est mort, n’est plus possible, s’achève. Les terroristes, dits musulmans par facilité et au mépris des vrais musulman(e)s et de leur religion, ou pire "Arabe" par un délit de faciès détestable (tout comme les Asiatiques de tous pays devenus des "Chinois" à la suite de la pandémie de la Covid-19), ont franchi le pas, car ils sont les premiers et les plus touchés par ces changements sociétaux de la Révolution tricéphale. Les suprématistes blancs (souvent pro-chrétiens) sont sur le point de le faire, aux USA notamment, mais également en Europe. La preuve? Le nombre de morts dus aux attentats ou tueries suprématistes ou racistes aux USA ces vingt dernières années est supérieur au nombre de morts dus aux extrémistes "musulmans". Les premiers sont pourchassés à travers le monde, les seconds sont surveillés de loin par les Gouvernements jusqu’à ce que finalement ils agissent, alors que la législation sur les armes est toujours plus assouplie aux USA, facilitant les carnages dans les écoles ou autres lieux publics. Cette montée des nationalismes et des partis ultra conservateurs à travers le monde se traduira immanquablement par une recrudescence des actes terroristes, car une fois que leurs tentatives démocratiques auront échoué (manifestations, votes, fake news, théories du complot[45], etc.), les plus endurcis et contestataires (les "ultras") passeront aux actes anti-démocratiques et rejoindront les terroristes dits musulmans, dans leurs actions de destruction aveugle, espérant se faire entendre, alors même que les Gouvernement les ont déjà classé dans les pertes et profits de ces trente ou quarante prochaines années, comme un prix à payer pour l’évolution de l’Humanité.

De même, le monde numérique qui se développe à tout crin en particulier sur le plan administratif (regroupé sous le terme de "société technocratique"), ne fait que renforcer ce sentiment de perte d’un monde meilleur. Et une partie du peuple fait déjà de la résistance et descend dans la rue, quitte à mettre à mal l’économie du pays, qu’on pense aux "gilets jaunes" en France ou actuellement aux réactions et manifestations contre le "pass sanitaire" mis en place dans le cadre de la pandémie de la Covid-19. Si cette frange de la population commence à accepter la vaccination, elle s’oppose très fortement (à tort ou à raison?) au "flicage" présumé être opéré par la mise en place du "pass sanitaire". Mais inversement, c’est grâce à l’avènement du téléphone portable et de l’internet, et la création dynamique des réseaux sociaux et la montée en puissance des GAFAM, qui offrent la possibilité à tout un chacun de s’exprimer librement, de proposer SA vision du monde, d’offrir des théories du complot difficilement parables ou contrôlables par les dirigeants du monde, que le phénomène de l’anti-changement et de son paroxysme, le terrorisme, peut être exploité à plein et se déverser sur les sociétés avec tant d’impacts et de détermination.


Conclusion
Le changement fait peur, car il apporte l’inconnu, l’incertitude. Or, on ne le répètera jamais assez, l’humain n’aime pas l’incertitude et le doute. Il veut et prône, à quelques aventuriers/aventurières près, la certitude et la tradition. Que les choses ne changent pas, afin de pouvoir poursuivre son chemin et agir comme il l’a toujours fait, croire maîtriser son univers et son devenir.

Malheureusement pour ces parties du peuple (souvent les mêmes d’ailleurs), la Révolution tricéphale est plus qu’en marche, elle est sur le point d’aboutir. Encore une ou deux générations et plus aucune marche en arrière ne sera possible. Ces parties du peuple, comme les autres (plus enthousiastes, il n’y a que voir l’engouement pour la téléphonie mobile et les réseaux sociaux, ou "a-sociaux" pour certains), après des tentatives toujours plus violentes pour un retour en arrière, devront dès lors s’adapter. Les rênes du pouvoir vont changer de main, pas sûr qu’elles restent entre les mains des humains mâles, mais n’est-ce pas là "naturel": à part la force physique, les humains femelles sont plus intelligents, plus résistants (en particulier à la douleur), plus méticuleux, plus consciencieux, moins belliqueux et beaucoup, beaucoup plus amoureux, ce dernier point étant d’ailleurs leur point faible dont l’humain mâle a su tiré profit jusqu’ici. Et si les femmes, à l’image des nouvelles générations de Chinoises, choisissaient de ne plus être amoureuses, de ne plus tomber en amour ni se laisser piéger par les hommes, qu’est-ce qui resterait à ces derniers pour maintenir leur statut de "sexe fort", étant bien connu que jusqu’ici les femmes étaient le "sexe faible"?[46]

Quoiqu’il en soit, une fois la Révolution tricéphale passée, les résistances et les oppositions vont décroître, les humains dans leur ensemble s’habituer et constituer de nouvelles coutumes et de nouvelles traditions, qui seront de nouveau mises à mal avec l’avènement de la prochaine révolution majeure pour l’Humanité, dont il faut le dire, pour l’heure, on ignore tout.

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Notes
[1] Les "Trente glorieuses" s’étalent de 1945 à 1975 et représentent une période de forte croissance économique, de plein emploi, de développement intense des pays industrialisés ou dits "occidentaux". Les individus nés durant cette période prospère ont, aujourd’hui, entre 45 et 75 ans.
Note: toutes les références web citées ici ont été consulté au 26/09/2021.
[2] Perpétré par l’Empire ottoman en 1915-1916 et entraînant la mort des 2/3 de la population arménienne vivant sur le territoire aujourd’hui turc, il est encore sujet à de vives discussions. En effet, la Turquie nie avec virulence le génocide alors que de plus en plus de pays le reconnaisse. La France l’a fait en 2001 et en 2012, elle est allée encore plus loin en voulant pénaliser la négation des génocides, amenant la jeune génération desTurcs de France à ressentir "comme un double rejet du musulman et du Turc" (Michel Marian, "Position: loi de pénalisation du génocide arménien: le mauvais fruit de l’immobilisme du gouvernement turc", Esprit: comprendre le monde qui vient, n° 382 (02/2012), p. 8). Nous tenons à remercier ici Caroline Fima, Stéphane Vitali et Jeff Watt pour leur relecture attentive et leurs conseils.
[3] La Chine réfute le génocide ouïgour, population à dominante musulmane, qu’elle perpétue depuis 2010 dans la région autonome du Xinjiang, à l’ouest du pays et qu’elle légitime sous le terme de "processus de rééducation" contre "les terroristes". Or, il semblerait que la Chine remplisse tous les critères de définition du génocide selon l’ONU. Voir Dilmur Reyhan, "Le génocide des Ouïgours, aboutissement d’un projet colonial", Esprit: comprendre le monde qui vient, n° 476 (07-08/2021), p. 161-170.
[4] Le 22 mars 1564, en pleine Guerre froide, une lettre ouverte intitulée "Triple révolution" a été rédigée par le Centre pour l'étude des institutions démocratiques (CSDI) américain à l'intention du Président Lyndon B. Johnson et son gouvernement. Cette lettre ouverte se basait sur les théories de Robert Theobald selon lesquelles trois révolutions étaient en cours dans le monde: la révolution cybernétique avec l'automatisation croissante et la venue future des robots et donc du chômage, la révolution de l'armement avec la théorie de destruction mutuelle rendue possible grâce aux bombes nucléaires et la révolution des droits de l'homme. Utilisé par Martin Luther King dans un de ses tout derniers sermons, cette Triple révolution n'a finalement pas eu lieu.  (web)
[5] Elle est éditée en 1687 dans son Philosophiae naturalis principia mathematica.
[6] Il faudra attendre en particulier la disparition ou la minorisation des dernières générations des Trente glorieuses, dont une bonne partie est fortement hostile à ces mutations, car elles sont encore détentrice des principaux pouvoirs et de la richesse.
[7] Gordon E. Moore établit sa loi en 1965, puis la revoit en 1975. D'après cette dernière "le nombre de transistors des microprocesseurs sur une puce de silicium double tous les deux ans" (web). 
[8] "Une seule goutte d'ADN synthétique est capable de contenir 10'000 Go pendant au moins 500 ans" (web)
[9] On estime que le volume de données mondial sera multiplié par 45 entre 2020 et 2035 (web). Et donc que même ces nouveaux processus de stockage ne seront finalement pas suffisants (web).
[10] Juste pour information, le quotidien Ouest France  éditait le 21 octobre 2019 un article de vulgarisation sous le titre: "L'ordinateur quantique: 3 minutes pour un calcul qui prend 10'000 ans à un super-calculateur classique". Cela donne une idée assez précise de la puissance de ces nouveaux objets. (web)
[11] En fait, la vision de Musk est paradoxale: d’un côté il prône les 80 heures (ou plus) de travail hebdomadaire pour changer le monde ("Nous devrions tous travailler 80h par semaine pour changer le monde, dixit Elon Musk" (web)), mais affirme par ailleurs, que les robots vont bientôt prendre la place des humains pour les travaux ingrats, difficiles ou dangereux ("Elon Musk dit que le robot Tesla fera du travail physique un choix" (web)).
[12] Sur ce dernier point, voir Jim Lapin, "La sauvegarde des libertés individuelles face à l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle", Communication, technologies et développement, n° 8 (2020), en ligne [18 p.] (web). En 2011, David Fayon se posait déjà la question par rapport aux réseaux sociaux et leur utilisation toujours plus importante ("Les réseaux sociaux menacent-ils nos libertés individuelles?", Terminal: technologie de l’information, n° 108-109 (2011), p. 61-63  (web)). On lira également attentivement le dossier spécial "Droits et libertés – l’épreuve du numérique" paru dans la revue Hommes et libertés, n° 171 (09/2015), p. 31-55  (web).
[13] L'utilisation des drones dans le cadre d'opérations militaires est déjà effective. Les robots tueurs ou soldats sont encore en stand by, mais le 27 novembre 2020, Mohsen Fakrizadeh, le plus haut scientifique du programme nucléaire iranien, "aurait été tué par une mitrailleuse contrôlée par satellite avec l'assistance d'une intelligence artificielle" dirigée par le Mossad.  (web) Voir aussi, Thomas Gomart, Guerres invisibles. Nos prochains défis géopolitiques, Paris: Tallandier, 2021, 317 p.
[14] L'exemple du logiciel de reconnaissance faciale Clearview est symptomatique de l'état actuel des pouvoirs en place. En effet, bien qu'interdit en Suisse et dans plusieurs pays d'Europe, ce logiciel a été testé par la police cantonale de Saint-Gall et la police municipale de Zurich, selon les informations publiées par le site américain BuzzFeed. La tentation était trop forte, à tel point que même les représentants de l'ordre et de la loi ont délibérément enfreint cette dernière pour "essayer" cet outil prometteur.  (web)
[15] En Suisse, par exemple, le fisc se sert d'une IA de Google pour débusquer les fraudeurs, voire de Google Earth. (web) On lira aussi avec intérêt l'ouvrage de Annie Le Brun et Juri Armanda, Ceci tuera cela. Image, regard et capital, Paris: Stock, 2021, 306 p.
[16] Écrit entre 1942 et 1993, le cycle propose une vision historique du futur où les Robots parviennent à sauver l’Humanité de l’autodestruction, à la suite du choix d’un seul humain entre trois possibles modes de gestion de la dite Humanité, dont la théorie Gaïa. Asimov y dépasse la vision du 1984  de George Orwell et son tout puissant Big Brother  et offre une réflexion aboutie et intelligente de ce que pourrait et devrait être l’Humanité de demain.
[17] Sur ce sujet, voir Christopher J. Bickerston et Carlo Invernizzi Accetti, Technopopulism: the new logic of democratic politics, Oxford: Oxford University Press, 2021, 256 p.
[18] C'est clairement ce que montre Greta Thunberg et son "écologie décoloniale", et sa prise de position devant l'assemblée de l'ONU (web). Son intervention critique a entraîné non pas un soutien massif, mais une vague de critiques dans les médias français (web). Aussi, dans leur grande majorité, les Jeunes se démarquent des Vieux dans leur rapport au changement climatique car ils savent pertinemment qu'ils en seront les principales victimes (web). D'une manière un peu simplificatrice, on pourrait dire qu'à la "croissance économique éternelle" des Vieux s'opposent la "décroissance utile" des Jeunes (web)! Les premiers pensent que la science et les découvertes sauverons la planète. Les seconds savent que les ressources sont bientôt épuisées et qu'à moyen terme, il faudra plus que se serrer la ceinture. Notons cependant que l'idée n'est pas "mort aux Vieux", loin de là. Ils sont très utiles à la société. Mais plutôt que les Vieux, s'ils ne veulent pas changer le système, laissent la place. Quel est le plus grand président que la France ait eu sous la Ve République? Unanimement: le général De Gaulle. Populaire, actif, visionnaire, il n'en a pas moins démissioné le 29 avril 1969. Pourquoi? Parce que malgré ses capacités, son charisme et sa force de conviction, il n'a pas réussi à suivre l'évolution dynamique des mentalités et attentes des Français(e)s. Aussi, le plus noblement du monde, ayant parfaitement compris la situation, il a soumis sa démission à la réponse positive ou négative de la population à un référendum sur la réforme du Sénat et des régions. La population a voté "non". Le général de Gaulle a démissioné. Un grand homme jusqu'au bout. Il a su quitter le pouvoir car il n'était plus en phase avec les attentes de la population et ne se sentait plus à même de diriger le pays (web). Voilà l'exemple que doivent prendre les politicien(ne)s et les décideurs actuels face au changement climatique et à la Révolution tricéphale en cours, et non, comme le remarque clairement Matthieu Auzanneau, "sans prendre la peine d'une démonstration solide, à la mesure d'une hypothèse pour le moins hardie, on perpétue cette probable chimère d'un découplage plus que superficiel entre croissance du produit national brut et besoin en énergie. Et ainsi, on perpétue une chimère plus vaste encore, tragique: celle de la possibilité d'une croissance infinie dans un monde fini (possibilité, selon un mot célèbre, à laquelle seul peut croire "un fou ou un économiste"). Il s'agit, au fond, de perpétuer le statu quo  du business as (un)usual: "Encore un instant, monsieur le bourreau!" ("Inexorable", in NoS FuturS: imaginer les possibles du changement climatique  (Chambéry (FR): Éditions ActuSF, 07/2020, p. 213)".
Mais qu'on se comprenne bien, tous les Vieux ne sont pas à rejeter sur le plan politique, certains comprennent très bien la situation, tel le Secrétaire général des Nations Unies, le Portugais Antonio Guterres qui, le 22 septembre 2021, a exorté les jeunes "à faire pression sur les gouvernements" (web) en vue de la COP26 à venir, la dernière susceptible de changer les choses et qui est déjà bien mal partie selon les diverses études faute à des gouvernements qui ne veulent pas changer, tel le Président français, Emmanuel Macron, qui lors de son dernier discours (web) sur le futur et les investissements français continue coûte que coûte à considérer la croissance et la consommation, avec pour solutions... la techonolgie (nucléaire (web), robotique, génétique pour l'agriculture, etc.). Tout ce qu'il ne faut pas! Le message d'Antonio Guterres est dès lors on ne peut plus clair.
[19] On ne considère pas ici la venue d’un nouvel astéroïde de forte taille sur Terre comme du temps des dinosaures, qui provoqua le changement que l’on sait, ni, non plus, de gigantesques tempêtes solaires. Encore moins les bactéries et virus "fossiles" libérés par le dégal du permafrost  circumpolaire.
[20] Sur les rapports du GIEC, on incitera tout un chacun à jouer (en famille, au travail, entre amis…) au jeu "La fresque du climat", créé en 2018 par Cédric Ringenbach (web). C’est un jeu intelligent, constructif et très instructif.
[21] On pourrait leur adjoindre sans difficulté les "jeunes loups de Wall Street" et autres institutions financières de la génération suivante (la X generation, années 1980-1990) qui ne considèrent que le profit au détriment de toute conséquence sur les populations et la biodiversité. Ils sont en général les lieutenants des membres des Trente glorieuses, la relève envisagée pour le maintien du statu quo  dans les sphères dirigeantes ou du moins économiques.
[22] Il y a un virage éco-biologique qui est en train d’être pris, mais tellement faible qu’au final, rien ne bouge. L’EU préfère miser sur la numérisation et la gestion technologique du monde agricole que sur les potentiels naturels du vivant (agriculture biologique, agroforesterie, bio-intensive, biodynamique, agroécologie, aquaponie, permaculture, électropermaculture, mycopermaculture, mycorhrisation (symbiose plante – bactérie ou champignons), culture phytochromique, polyculture, culture syntropique de régénération du sol, etc.). L’excuse proférée est toujours que ces solutions ne seront pas suffisantes pour nourrir la population mondiale, mais en fait considère avant tout les intérêts économiques plus rentables et intéressants, mais plus encore plus facilement quantifiables, donc prévisibles, avec l’agriculture intensive. Il en va de même avec l’énergie. Or la solution finale semble bien être la diversité et non la concentration. Il faudra donc que les politiques agricoles et énergétiques changent. On lira avec intérêt les articles suivants, parus dans NoS FuturS, 2020: Claire Chenu et Sylvain Pellerin, "Objectif: faim zéro dans un contexte de changement climatique levier: agriculture - sols", p. 23-35; François Moutou, "Santé / agriculture", p. 59-75; et Claude Ecken, "Toxiques dans les prés", p. 79-109.
[23] Il nous faut un peu modérer notre propos ici. Les populations veulent certes le changement, leurs manifestations récurrentes le prouvent, mais elles ne sont pas encore prêtes, pour une bonne partie, à en accepter les conséquences, en particulier la hausse des prix des biens de consommation et tout particulièrement ceux de l’alimentation. La consommation de viande ou du bio en sont de parfaits exemples.
[24] "Coton OGM au Burkina: retour sur une expérience ratée", Jeune Afrique, 22/12/2017 (web); Adam Diallo, "Coton OGM: sa valorisation est-elle nécessaire au Mali?", Maliactu.info, 12/04/2020 (web); Estelle Pattée, "Face aux OGM, l’Afrique fait encore de la résistance", Libération, 14/10/2016 (web).
[25] Chloé Desmarets, "Crise agricole en Inde: un agriculteur se suicide toutes les trente minutes", Classe internationale: votre revue d’analyse internationale, 26/11/2016 (web); Damien Bazin / Naceur Khraief, "L’économie du suicide: le cas des agriculteurs du coton BT en Inde", Document de travail GREDEG / CNRS, 2020, 31 p.  (web).
[26] Joël Cabalion / Delphine Thivet, "Révolte sans précédent des paysans indiens", Le monde diplomatique, 02/2021, p. 16  (web).
[26b]  En conclusion de son essai intitulé Demain, la faim!  (2010), le journaliste du Monde, Frédéric Lemaître, note: "Même si elles n'ont duré que quelques mois, les émeutes de la faim du début de l'année 2008 n'ont été que le révélateur d'un problème qui a toutes les chances de s'aggraver: l'impossibilité dans laquelle se trouve une partie importante et croissante de la population de satisfaire ce droit fondamental qu'est le droit de s'alimenter. De même, les hausses vertigineuses des prix alimentaires, à l'origine des émeutes, ne sont pas uniquement conjoncturelles. Elles annoncent un déséquilibre durable entre l'offre et la demande - les demandes devrait-on dire - et donc l'entrée dans un nouveau monde: celui de la rareté. Rareté de la terre, rareté de l'eau et rareté de l'énergie" (Paris: Grasset, 01/2009, p. 133).
[27] Jenny Chen, "Melting Glacier are wreaking havoc on earth’s crust", Smithsonian magazine, 09/2016  (web); Rebekka Steffen et al., "Earthquakes induces by ice-mass loss: a case example for southern Greenland", EGU General Assembly 2021, online, 19-30/04/2021 (web); L. Métivier / H. Rouby / P. Rebischung / Z. Altamimi, L’exploitation scientifique des vitesses de l’ITRF2014: tectonique et déglaciations, Paris : Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), 2018, 45 p.  (web). Notons qu’en septembre 2014, les chercheurs italiens des Universités de Bologne et d’Urbino, M. Olivieri et G. Spada, avaient exactement la vision opposée: "a clear correlation between seismic activity and ice melting in Greenland is not found" ("Ice melting and earthquake suppression in Greenland", preprint submitted to Polar sciences, on line  (web)).
[28] On pense aux systèmes d’alerte des tsunamis créé lors de la conférence de l’ONU en janvier 2005, à Kobe, au Japon, à la suite du séisme de 2004 dans l’Océan Indien, et mis en place depuis dans les mers du monde entier.
[29] Il s’agit des approches plus ou moins associées à l’hypothèse Gaïa développée par le climatologue anglais James Lovelock dans les années 1970 et qui conçoit la Terre comme un superorganisme autorégulateur. Après des décennies de rejet, cette théorie revient en force et s’impose progressivement dans le monde scientifique d’aujourd’hui. Voir Denis Chartier, "Gaïa: hypothèse scientifique, vénération néopaïenne et intrusion", Géoconfluences: ressources de géographie pour les enseignants, 19/10/2016  (web); Yves Sciama, "Le grand retour de l’hypothèse Gaïa", Science et vie, 24/02/2020  (web).
[30] Pour ce qui concerne la décomposition des corps dans les cimetières, voir le résumé de Nathalie Chèvre, "Que se passe-t-il dans les cimetières?", Blogs.letemps.ch, 13/08/2020  (web). Ã noter que la répartition du vivant sur Terre (la biomasse) est la suivante: 82% les plantes, 13% les bactéries, 5% le reste des animaux, champignons, etc. Les hommes ne représentent que 0,01% de la biomasse totale, mais son impact est sans commune mesure par rapports aux autres espèces. En 2009, l’australien Arthur Chapman évaluait à environ 1,9 millions le nombre d’espèces décrites, dont près d’un million d’insectes, 280 000 plantes, 99 000 champignons, 55 000 unicellulaires et 5 487 mammifères. Plus encore, à partir de ce qui est connu, il estime qu’on aurait en tout 11,3 millions d’espèces, dont 5 millions d’insectes, 370 000 plantes et 5 500 mammifères (Thierry Bourgoin, "La biodiversité en chiffres", Doc sciences, 12/2013 -  web). D'autres estiment à 8 millions le nombre d'espèces, dont 2 millions seulement sont connues, et à environ 15'000 espèces nouvelles inventoriées chaque année (Jane Lecomte et François Sarrazin, "Repenser nos relations au vivant dans un contexte de changement globaux", in NoS futurS, 2020, p. 488).
[31] Le cas de figure est notamment apparu en Inde, dans le Gange, avec la mortalité due à la pandémie de la Covid-19 (Bastin Côme, "En Inde, le mystère des morts du Gange", Rfi.fr, 08/06/2021  (web). Pour l’océan ou la mer, d’après les plongeurs en apnée, entre 13m et 20m de profondeur, le corps coule. Au-dessus, à cause de la poussée d’Archimède, le corps remonte à la surface (Kevin Fong, "Free divers have long defied science – and we still don’t really understand how they go so deep", The conversation, 16/03/2018  (web). Du moins, c’est le cas principal, après, cela dépend de la température, des gaz dus à la fermentation, etc. Les corps qui coulent restent parfois à une certaine profondeur, d'autres rejoignent le fond des océans où ils sont mangés (décomposés) par les crabes, les poux et d'autres charogniards des mers.
[31b] Jane Lecomte et François Sarrazin, "Repenser nos relations au vivant dans un contexte de changements globaux", in NoS FuturS, 2020, p. 491 
[32] Encore une fois, il nous faut modérer notre propos. Le but ici n'est pas de rejeter les multinationales, le libéralisme, le néo-, l'ultra-libéralisme, le pétrole etc. Ceci a été utile et nous permet de vivre dans la société dans laquelle nous évoluons. Il faut rappeler que, simple exemple, 50 litres de pétrole sont équivalents au travail de... 1'000 hommes! Mais aujourd'hui, et surtout pour demain, il faut changer de politique et modifier notre consommation. C'est la l'essentiel. On ne cherche pas de coupables, mais des solutions face au changement à venir. La solution principale passerait par le démantelement des "too big to fail" au profit d'entreprises plus modestes pour de nombreuses raisons (fiscalité, rentabilité maximisée, rejet de l'écologie au profit de l'actionnariat, surconsommation, destruction massive de l'environnement et de la biodiversité, etc.) Pour illustrer ceci: l'élevage bovin. Une vache = 1 hectare de propriété cultivée. Donc pour une ferme de 10'000 vaches, l'entreprise devrait avoir 10'ooo hectares de cultures, ce qui est quasi impossible, en Europe tout du moins. Autre exemple: en France, "un paysan hexagonal nourrit, en moyenne, 60 personnes à lui seul, contre 15 il y a quarante ans, selon un rapport du Sénat en date de 2008" (web). Ce qui montre bien, dira-t-on, l'intérêt de la "Révolution verte" prônée depuis des décennies par le monde politique et l'agro-business. Mais, nous répondrons qu'à l'heure d'aujourd'hui, ce niveau, en plus d'être has been  et ridiculement faible. Avec les nouvelles micros-fermes biologiques et technologiques, couplées aux circuits courts, les NéoFarms, implantables près des villes, peuvent à partir de 1 hectare nourrir quotidiennement jusqu'à... 1'200 personnes! (web). Ces Neofarms sont toujours intensives et utilisent quantité de technologie, donc des robots pour les semis. On peut critiquer et dire qu'on y perpétue la vision passée. Alors, il existe une autre approche, née au Canada, les micros-fermes,  où, toujours sur 1 hectare de terre et cette fois avec le minimum de "machines motorisées", mais beaucoup d'huile de coude, on parvient à nourrir 250 familles par saison (web). On le voit bien, la culture intensive traditionnelle de la fausse "Révolution verte" est obsolète, inefficace en plus d'être fortement nuisible à la biodiversité et à l'Humanité. Il est temps d'en changer. Au lieu de concentrer les surfaces agricoles, au lieu d'effectuer des cultures intensives uniques (OGM ou hybrides), au lieu de démultiplier les machines agricoles mécanisées toujours plus grandes, il faut, aujourd'hui, revenir à des fermes plus modestes, pratiquant des agricultures diversifiées nécessitant peu d'intrants et de machines, utilisant des semences traditionnelles et biologiques, et intégrées dans un circuit court. Finie la carotte hybride récoltée en France, lavée en Roumanie, emballée en Italie, pour être finalement vendue dans les super-marchés suisses!
[33] D'après une analyse comparative de l'organisation Rights and resource initiative (RRI), menée en 2020, sur la base d'une analyse comparative des lois et coutumes liées aux droits fonciers et forestiers des femmes portant sur plus de 30 pays, il apparaît que, à cause d'un système de domination patriarcal ancré dans l'histoire de l'Humanité et qui persiste jusqu'au XXIe siècle, "les lois nationales et coutumières, les normes sociétales et les rôles traditionnels au sein des sociétés dictent les règles d'accès et de contrôle sur les ressources naturelles, ce qui conduit généralement à la marginalisation des femmes" (Anne Barre / Véronique Moreira / Marie-Jeanne Husset, "Le climat s'empare enfin de la question du genre", in NoS futurS, 2020, p. 120-121).
[34] Voir l'ouvrage de Samy Cohen, Israël, une démocratie fragile, Paris: Fayard, 2021, 288 p. Il montre comment la "démocratie" d'Israël peut être remise en question face à la montée en puissance des orthodoxes juifs du pays et de leurs valeurs réactionnaires.
[35] Pour les différents types de familles à travers les époques, voir André Burguière / Christiane Klapisch-Zuber, Martine Segalen / Françoise Zonabend (éd.), Histoire de la famille, Paris : Armand Colin, 1986, 2 vol., 640 p. + 560 p.
[36] La législation caboverdienne est ambiguë dans le sens où elle propose deux lois contraires: l’article 47, n° 1 de la Constitution (CRCV) dit "tout le monde a le droit de se marier sous la forme civile ou religieuse", mais l’article 1'551 du Code Civil précise, lui, que le mariage est "une union volontaire entre deux personnes de sexe différent". Il est renforcé par la CRCV, art. 87, n° 1 qui précise que "la famille est l’élément fondamental et la base de la Société". Le Cabo Verde étant très fortement chrétien, gouvernement y compris, des mots mêmes du Premier Ministre, il n'envisage pas encore le "mariage pour tous", alors que la Constitution portugaise, qui a servi de base à la constitution caboverdienne à l'indépendance en 1975,  a, elle, été modifiée en ce sens le 8 janvier 2010.
[37] On ne tiendra pas compte du terme "damoiseau" utilisé au Moyen Âge occidental, car il concerne le fils d’un seigneur, l’aspirant chevalier ou un noble non armé chevalier. L’acception de "vieux garçon" existe, mais est désuète et se raporte surtout au monde paysan.
[38] Xuan Li, "China’s marriage rate is plummeting because women are choosing autonomy over intimacy", Qz.com  (Quartz New York), 14/10/2016  (web).
[39] "Une propagande sans nuance culpabilise les femmes célibataires de plus de 27 ans, qualifiées de sheng nu  ("résidus"), les incitant à se montrer moins difficiles pour trouver un partenaire et fonder une famille. En 2016, une loi a supprimé pour ceux qui se marient sur le tard (au-delà de 25 ans pour les hommes et de 23 ans pour les femmes), la semaine de vacances supplémentaire qu’un mariage leur assurait. Objectif: faire baisser l’âge des unions" (Jean Rombier, "Le couple chinois bas de l’aile", Géo, 25/07/2017  (web); Stéphane Lagarde, "En Chine, 20% des femmes mariées disent regretter leur union", Rfi.fr, 04/05/2021  (web); "Chine: pour stimuler la natalité, le gouvernement chinois projette de subventionner des mariages", Courrierinternational.com, 06/06/2021  (web).
Plus inquiétant, il semblerait que la politique actuelle de Xi Jinping tende vers un virement à gauche totalitaire afin de garder le pouvoir lors du XXe Congrès du PCF qui doit se tenir en 2022 où les dirigeants sont renouvellés. Pour cela, depuis quelques semaines, Xi Jinping souhaite tout contrôler et entreprend une campagne de "reprise en main" de la population, en particulier des jeunes. L'un des éléments les plus symboliques est la volonté de valoriser "l'homme fort" en contrepoint aux idoles et aux jeunes artistes qu'ils jugent trop efféminés et qui désormais sont interdits  (web).
[40] "La Chine abandonne la politique de l’enfant unique et autorise deux enfants par couple", France 24, 29/10/2015   (web); Marie-Pierre Vérot, "En Chine, la menace d’un fardeau pour les générations futures", Franceculture.fr, 05/06/2021  (web); Stéphane Lagarde, "Face au déficit des naissances, Pékin autorise les couples chinois à avoir un 3e enfant", Rfi.fr, 31/05/2021  (web).
[41] Sylvie Lainé, "Au pied du manguier", in NoS FuturS, 2020, p. 135-152,
[42] L’équipe de l’Histoire de la famille  conclut que "la famille nucléaire serait donc le signe de la modernité, de la valorisation de l’individu et de la liberté face aux contraintes du pesant lignage ou de la maison" (op. cit, vol. 2, p. 531). Bien que détaillant la majorité des structures familiales à travers les siècles et les continents, elle oppose "la famille élargie traditionnelle à la famille nucléaire moderne" (ibid., p. 530).
[43] L’équipe de l’Histoire de la famille  notait également, en 1986, qu’à "la conquête de l’indépendance féminine observée dans les pays industrialisés semble répondre le renfermement dans les pays musulmans où s’accentue l’intégrisme religieux; dans les premiers, structures et idéologies familiales ne manqueront pas de continuer d’évoluer, sans qu’on puisse prédire dans quel sens, alors que, dans les seconds, se verront confrontés des projets patriarcaux" (op. cit., vol. 2, p. 532).
[44] Cet aspect nous a été signalé par l'avocate Caroline Fima que nous remercions ici.
[44b] Sylvie Laurent, Pauvre petit Blanc: le mythe de la dépossession raciale, Paris: Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 09/2020, 318 p.
[45] Sur les complotistes, voir Sami Zaïbi, Les explorations: au cœur de la complosphère, Chêne-Bourg (CH) : Heidi.News, n° 8 (12/2020), 106 p. (web).
[46] Le problème de la masculinité (souvent réduit à la virilité) est plus que jamais au centre des débats. Les rencontres de la photographie d’Arles ont proposé, du 04 juillet au 26 septembre 2021, l’exposition "Masculinités: la libération par la photographie". Le Musée mode et dentelle de Bruxelles a également consacré une exposition intitulée "Masculinities" (du 28 août 2020 au 13 juin 2021) à la garde-robe de l’homme à travers les âges et a exploré la pluralité des visions. La Stapferhaus de Lenzburg en Suisse, élu musée européen 2021, propose, lui, l’exposition "GENRE & SEXE. À découvrir maintenant", jusqu’au 31 octobre 2021, exposition qui s’interroge de manière ludique sur les notions de féminité et de masculinité. Alors que l’on pouvait voir du 16 octobre au 19 décembre 2020, au Musée national suisse de Zurich, l’exposition "L’homme épuisé" qui visait à illustrer le concept de masculinité ou les idéaux héroïque de l’homme à travers les 2000 ans d’histoire.
En Corée du Sud, par exemple, un mouvement masculiniste virulent prend de l'ampleur. (web)
On lira autrement les ouvrages suivants:

  • Ivan JABLONKA (2021), Des hommes justes. Du patriarcat aux nouvelles masculinités, Paris: Le Seuil / Points, [01/2021], 532 p.
  • Geneviève FRAISSE (2021), Service ou servitude. Essai sur les femmes toutes mains, Paris: Le Seuil / Points, [01/2021], 438 p.

Christophe Chazalon
Genève, 02/09/2021, revu 08/10/2021

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L'ère du tout émotionnel (2012)


"L'ère du tout émotionnel"
(Tribune de Genève, n° 62/11 (14 mars 2012), p. 15

Ce dimanche, les "Genevois" ont accepté une nouvelle loi proposée par le PLR, "introduisant le principe de la responsabilité objective des organisateurs de manifestations, même sans faute de leur part, assortie de pénalités très lourdes".
La gauche a réagit, à mon sens à juste titre, en recourant au Tribunal fédéral.
Le fait est qu'une fois encore, l'émotionnel a pris le pas sur la réflexion. Les détenteurs du droit de vote, nourris à l'entertainment du TJ  ou du GHI, ont en réalité concentré leur pensées sur la peur et la colère provoquées par les déprédations des casseurs, vagues souvenirs, étonnament persistants, des manifestations anti-G8 ou de la fermeture des squats genevois, et ce, sans réfléchir véritablement à la portée réelle de cette nouvelle loi sur les libertés individuelles, ferments essentiels de toute démocratie.
Or, l'important dans cette nouvelle loi n'est pas "les casseurs" et leurs actes, même si c'est embêtant, mais bien la restriction du droit fondamental de manifester, soit la liberté d'expression du peuple et le contre-pouvoir qu'il incarne.
Le futur procureur de Genève, digne successeur de Daniel Zappelli, face à l'impuissance de la police à réguler le Black Block (principal fautif), a offert une solution de facilité un brin populiste: faire porter le chapeau aux organisateurs. Par quel moyen? Si pas de manifestation, pas de casseurs.
Qu'en sera-t-il lorsque le Black Block "s'invitera" aux manifestations organisées par le PLR?
Benjamin Constant, homme politique et romancier français né à Lausanne, expliquait en 1819 déjà cette attitude "acitoyenne". Pour lui, "la liberté politique chez les Anciens était en elle-même une jouissance", autrement dit, les Anciens d'avant l'ère industrielle et les droits de l'homme, participaient activement au pouvoir collectif. À l'opposé, les Modernes, auxquels nous appartenons, visent avant tout la sécurité dans les jouissances privées. Le citoyen d'aujourd'hui ne demande pas une participation active à la souveraineté, le taux d'abstention régulièrement supérieur à 50% en témoigne. Le citoyen d'aujourd'hui se moque de la démocratie tant que le politique lui garantit sa qualité de vie. Le citoyen d'aujourd'hui ne désire qu'une seule et unique chose: le maintien de son univers égotiste.
Dès lors, quel besoin d'un droit de manifester?
L'important est avant tout que l'on se sente en sécurité...
Petit à petit, les droits les plus fondamentaux sont grignotés au profit de la grande machine bureaucratique d'un Brazil  toujours plus réel. Et quand bien même les révolutions populaire pour les libertés individuelles se succèdent de par le monde et dans les temps, la leçon ne semble toujours pas porter ses fruits!

Christophe Chazalon / Docteur ès Lettre - UNIGE


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Oú est passée la tolérance? (2011)

A la suite d'un article intitulé "Viré de l'Usine, un élu MCG dépose plainte", paru dans la Tribune de Genève  du 20 avril 2011 (p. 19), relatant un l'éviction de Jean-Philippe Hass, conseiller municipal du Mouvement citoyen genevois, le parti populiste d'extrème droite local, du dernier lieu de culture alternative de la ville pour des raisons inacceptables, nous avons décidé d'écrire un texte publié six jours plus tard dans la tribune "L'invité" du même journal, pour dénoncer l'obscurantisme et le manque de tolérance de plus en plus grand dans la société actuelle, tous bords confondus.

"Oú est passée la tolérance?"
(Tribune de Genève, n° 96-17 (26 avril 2011), p. 25

"À l'heure où le "gigantique" Facebook supprime le compe d'un artiste danois qui a eu l'audace d'utiliser L'origine du monde  de Courbet  comme profil; à l'heure où les moutons bien-pensants sévissent en Avignon contre le Piss Christ  d'Andres Serrano, représentation d'un crucifix dans un bocal d'urine, bien plus qu'ils ne l'ont fait contre les actes destructeurs sur des milliers d'innocents, voilà que le monde bascule encore à travers le microscope.
L'Usine, ulime rescapée de la scène "alternative" genevoise dérape. Temple du respect, de l'ouverture d'esprit et de l'altérité, ses représentants, cependant, persistent et signent. Et pourtant, l'erreur est là, bien réelle. À peine élu que Jean-Philippe Hass, membre du parti MCG, dans un acte anodin de la vie courante, est expulsé du bar Moloko. Raison invoquée: son appartenance au parti à tendance brune. Et bien loin de moi de soutenir un parti qui symbolise étroitesse d'esprit, égoîsme et sectarisme, mais il ne serait pas plus acceptable de défendre l'Usine qui se veut avant tout un lieu de tolérance. Or, le rejet d'un seul implique la mort de toute tolérance.
"Si l'on ne croit pas à la liberté d'expression pour les gens qu'on méprise, on y croit pas du tout". Tels sont les mots du plus grand penseur de notre temps, Noam Chomsky, même si cela lui a valu d'être assimilé depuis aux négationnistes par les non-penseurs qui n'entendent que ce qui les intéresse.
L'erreur est humaine, dira-t-on. Calvin l'a bien goûté à l'ère d'une histoire renaissante. Faute de pouvoir contrecarrer les thèses antitrinitaires de Michel Servet par les seuls mots, il poussa à la roue pour que son opposant soit installé sur un bûcher de la place publique genevoise. Et si la culture n'est pas votre fort, regardez du côté du sport. Modèle pour les masses, adulé et respecté, il aura suffi d'une insulte pour que Zinedine Zidane ne s'égare lui aussi par un simple coup de tête, violence gratuite et inutile.
Aussi, le tenancier du Moloko s'est peut-être senti insulté par la présence de M. Haas, mais cela lui donnait-il le droit de l'expulser de l'Usine? Non! Discuter, échanger, communiquer, base première de toute démocratie.
À l'heure où les médias ne jouent plus leur rôle de médiateur, favorisant le spectaculaire vendeur; à l'heure où le journal télévisé devient pur divertissement en quête de téléspectateurs, cette obstination est bien triste et pourvoyeuse d'un mauvais présage. Le monde de la tolérance devenu intolérant, le temps des Lumières est révolu. On peut bien fêter Rousseau dans quelques mois, nul doute qu'un nouveau Moyen Âge approche. Il ne restera plus alors aux autorités qu'à agir comme en 1540 et changer la devise de la ville. Exit le Post tenebras lux, voici venu le temps du Post lucem tenebrae.

Christophe Chazalon  /  Docteur ès Lettres - UNIGE


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Le bruit ou la fin du silence (2002)


"Le bruit ou la fin du silence"
(Newsletter Critical Curatorial Cybermedia, Genève, #1 (mai 2002), p. 3)

EVENT SON [...]
21 février 2002 en collaboration avec le Conservatoire de musique de la Place Neuve.

Noise or the end of silence.
Noise is everywhere surrounding and penetrating us without end. The ear - our captor - filters the acoustic phenoma. Modern man has separated harmonic sounds from the others wich have separated harmonic sounds from the others wich have become undesirable.
What happens when musical virtuosity escapes the walls it has been consigned to?
And what of the fear of awkward silences?
And what about the classical music used as elevator background?
Man does not desire absolute silence, wich would be utopic, but a mastered acoustic environment.
What could happen if alone facing himself man were confronted by everything he rejects?
Would he become counscious of reality or find a subterfuge to avoid it?
The night organised on the 21 February 2002 proposed to reconsider the elements that constitute our acoustic landscape in a general perspective and to question the status of noise as pollution or as an element whose functioning is to be understood in order to reinterpret our environment.


Les bruits sont partout, ils nous entourent, nous encerclent, nous pénètrent sans retenue, sans limite, sans fin. Mais l'oreille, par laquelle nous les percevons, ne se limite pas à la seule capture. Elle sélectionne, filtre par l'intermédiaire du cerveau les phénomènes acoustiques qui constituent notre paysage sonore, sans toutefois parvenir à pleinement maîtriser, ni endiguer leur flux continu. L'homme moderne a défini les limites qui séparent les sons harmonieux, des autres, devenus nuisibles à son bien être, à son confort. Les langues, la musqiue, sons harmonieux rigoureusement structurés, sont tout à la fois nécessaires et agréables, pour autant qu'ils soient limités à des lieux ou un volume sonore précis et qu'ils correspondent aux règles préétablies par les instances de contrôle, formelles ou informelles. Qu'advient-il lorsque la virtuosité musicale sort des murs qui lui sont assignés, se mêle au vacarme de la rue ou losqu'elle perd son statut privilégié pour devenir musique de fond, d'ambiance, remplissant agréablement les vides des conversations environnantes? Ce même homme moderne qui réclame à qui mieux mieux son droit au silence, au calme, à la tranquilité, au repos, fuit par tous les moyens ce même silence, particulièrement lorsqu'il est en compagnie.
L'horreur des anges qui passent, de ces bruits grossiers qui à tout moment peuvent surgir et montrer une faiblesse, ou de la solitude du foyer rompue grâce à la télévision, la radio ou tout autre moyen, illustrent sans équivoque ce rejet du silence. Ce n'est pas l'absolu silence qu'il désire - celui-ci de toute façon n'est qu'utopie. Ce que l'homme moderne désire, c'est un environnement sonore maîtrisé. Le silence absolu n'existe que par l'absence du sens auditif ou d'une présence physique. Or qui ne voudrait plus entendre le moindre son?
L'homme  moderne gère le paysage sonore dans lequel il évolue de la même manière qu'il gère les sons qui émanent de son corps. De la circulation du sang à la digestion, de la respiration au râle, il refuse toute sonorité non contrôlée. Qu'arrivera-t-il si, seul face à lui-même, on le confronte à tout ce qu'il rejette? Prendra-t-il conscience de la réalité ou trouvera-t-il un subtefuge pour la contourner?

La soirée du 21 février 2002 a proposé d'une manière plus  générale de reconsidérer les éléments qui constituent notre paysage sonore et de poser la question de savoir si l'on peut encore considérer le bruit comme une pollution ou au contraire si l'on doit essayer d'en comprendre le fonctionnement afin de réinterpreter notre environnement sonore?

Christophe Chazalon

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